Longtemps préservées, la Police nationale et la gendarmerie sont affectées, alors que leurs missions vont croissant.
Plus de missions, moins d’effectifs. C’est le lot d’une grande partie des services de l’État, mais la police est dans une situation particulière tant les questions de sécurité sont un enjeu politique majeur pour le président de la République. Depuis le début de la révision générale de politiques publiques (RGPP), près de 5.000 équivalents temps plein ont été supprimés dans la police nationale, ce qui ramène à 144.000 le nombre de fonctionnaires de police sur le territoire, soit le niveau de 2002.
La deuxième vague de RGPP, pour la période 2011-2013, devrait fixer une fourchette de 3.000 à 5.000 suppressions de postes supplémentaires. A ce rythme, les effectifs fin 2013 pourraient être ramenés au niveau de 1997.
Or la charge des missions nouvelles confiées à la police n’a cessé de s’alourdir depuis trois ans.
Exemple : la mise en place des unités territoriales de quartier (Uteq), censées remplacer la police de proximité supprimée par Nicolas Sarkozy. Au départ, 100 Uteq devaient être déployées d’ici à la fin de 2009. Seules 30 unités ont effectivement été créées et 30 autres se sont mises en place par redéploiement interne des effectifs. Si l’on y ajoute la mise en place de la police d’agglomération (pour l’instant à l’oeuvre dans la capitale et la petite couronne) et la création des brigades de protection de la famille (lutte contre les violences familiales), ce sont 6.000 équivalents temps plein qui auraient dû être créés. C’est donc autant de gains de productivité à trouver ailleurs.
Malaise de plus en plus palpable
La gendarmerie, de son côté, va voir ses effectifs baisser de 3.500 entre 2009 et 2011, sur 98.000 postes au total. « Policiers et gendarmes sont moins touchés par la RGPP que d’autres fonctionnaires dans l’absolu, mais l’effet ciseaux entre la baisse des effectifs et les nouvelles charges crée une situation très compliquée », reconnaît un cadre du ministère de l’Intérieur. D’autant plus compliquée que les départs à la retraite dans la police diminuent, l’âge de mise à la retraite d’office ayant été reculé à 65 ans. La conjugaison de ces facteurs explique en partie le malaise de plus en plus palpable au sein des forces de sécurité.