Par François Leclerc.
Nous sommes entrés dans la seconde phase de la crise de la dette publique, avec l’entrée en scène des États-Unis et du Japon aux côtés de l’Europe. Cela va désormais être à celui qui va bousculer les autres pour leur voler le rôle de vedette de l’actualité.
« L’économie (américaine) ne progresse pas aussi vite que nous voudrions » vient de reconnaître Barack Obama lors de sa causerie radiophonique hebdomadaire. Il en faut des précautions de langage, à un président, pour admettre que la croissance enregistrée ces derniers temps n’est qu’un feu de paille destiné à ne pas durer ! Alors que les effets des plans de soutien de l’Etat fédéral et du restockage des entreprises s’estompent et que rien n’est prévu pour la suite, si ce n’est la nécessité de réduire le déficit public.
Timothy Geithner, le secrétaire d’Etat au Trésor, a pris moins de gants en déclarant devant une commission parlementaire que « notre économie traverse encore une période extrêmement difficile. Des millions d’Américains cherchent toujours du travail et continuent de souffrir des blessures causées par une récession forte ». Dans la foulée, il a aussi admis qu’elle devait faire face « à des défis considérables ».
Le Comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed n’y a pas été non plus par quatre chemins, si l’on tient compte de ses manières, en admettant que « d’une manière générale, la conjoncture financière est devenue moins favorable à la croissance… », avant de détailler à son tour le maintien d’ »un chômage élevé », la « croissance modeste des revenus », la « baisse de la valeur du patrimoine immobilier » et la difficulté à obtenir des crédits : autant d’entraves à la consommation des ménages, principal moteur principal de l’économie.
La publication de deux indicateurs très décevants est il est vrai intervenue, signalant un brusque ralentissement des embauches dans le secteur privé, ainsi que l’effondrement des ventes de maisons neuves, suite à l’arrêt fin avril des incitations fiscales.
Dans l’ensemble du monde occidental, les dirigeants en viennent à rivaliser de superlatifs pour décrire, dorénavant sous un jour sombre, la situation actuelle. Ils relèguent ce faisant au passage les prédictions alarmistes les plus féroces au rang d’aimables plaisanteries. Une dramatisation de la situation qui justifie leurs restrictions budgétaires, certes, mais exprime également leur profonde préoccupation.