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Le sort des 3000 soldats français engagés en Afghanistan pour « construire la paix » ne semble intéresser ni les politiques, ni les médias. Aux débats sur la légitimité de leur présence, on préfèrera hélas parler des Bleus, nouveaux représentants de la nation.(…)

Pour la quarante-quatrième fois Nicolas Sarkozy a fait part de sa « grande tristesse » et, sur les blogs, les militaires, de moins en moins muets, se désolent en constatant que, passée la dizaine de morts, les corps des soldats français rapatriés chez eux n’intéressent plus guère que ceux (officiers, préfets, ministres) dont c’est le métier de s’émouvoir officiellement dans ces circonstances. (…)

A quand remonte le dernier débat politique sérieux sur leur mission ? La stratégie française se limite à la participation à un engagement américain dont la finalité semble elle aussi de moins en moins évidente comme en témoigne l’éviction par le Président Obama du Général commandant les troupes américaines en Afghanistan qui s’interrogeait à trop haute voix sur sa propre mission. Le gouvernement français s’explique peu sur notre engagement, mais il faut bien constater que l’opposition, guère plus au clair sur le sujet, ne le lui demande pas… (…)

Comme si l’engagement militaire s’était dénationalisé, relevant d’une technique professionnelle comme une autre, avec ses accidents du travail. Seule prise de position officielle notable : la réponse à la revendication des milliers de soldats qui sont passés par l’Afghanistan, qui en sont revenus vivants, et qui demandent le bénéfice de la « campagne double » pour le calcul de leur future pension de retraite. Le gouvernement refuse, pour deux raisons. D’abord, ne pas alourdir les finances publiques en période d’économie. Mais aussi ne pas céder sur la condition permettant l’ouverture de ce droit : admettre que ces soldats ont été engagés dans une « guerre ». Or Bernard Kouchner l’a encore répété récemment: « Nous ne sommes pas en guerre contre quiconque : nous construisons la paix ». Rien de préoccupant, donc, comparé à l’immense drame national des Bleus.
Marianne

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