I / De quoi s’agit il ?
Il s’agit d’un « oratorio » composé en 1741 par Georg Friedrich Haendel.
Fils de chirurgien-barbier (à l’époque les deux métiers étaient confondues, il fallait manier les couteaux dans les deux !), son père le destinait au droit mais ses talents de musicien précoce (il jouait à la fois du clavecin, de l’orgue, du violon et du hautbois) le firent définitivement s’orienter vers la musique.
Il voyagea de cour en cour à travers l’Italie, l’Allemagne et l’Angleterre, où il s’installa définitivement tellement il fut apprécié par la Cour et par le public. Qui plus est l’Angleterre attirait les jeunes talents musicaux car depuis la mort de Purcell aucun « grand » compositeur n’occupait le terrain et le cœur du roi.
On attribue à Haendel plus de 600 morceaux, que ce soit des grandes pièces comme un opéra ou des petites musiques de divertissement de plein air pour la Cour par exemple.
II/ Qu’est ce qu’un « oratorio » ?
Un oratorio est une œuvre pour chanteurs et orchestre chantée sans décor et « mise en scène », ce qui le différencie de l’opéra. Le « thème » est très souvent religieux (chants sur la vie d’une Sainte, de Jésus, extraits de la Bible etc) mais peut aussi être profane ( = non religieux, comme un récit mythologique ou historique par exemple)
Il se découpe généralement en plusieurs parties (ou « mouvements »), joués à des allures différentes. Il comporte en général une « ouverture » (= l’introduction), des « récitatifs » (= passages parlés ou clamés pendant que la musique joue discrètement en arrière plan ou en « fond sonore ») , des « airs » (un ou deux chanteurs virtuoses avec la musique) et des « chœurs » (tous les chanteurs ensembles avec l’orchestre).
III/ L’extrait que vous allez entendre :
Il s’agit d’un extrait du « Messie », le plus célèbre oratorio de Haendel (qui en écrivit bien d’autres).
Je n’ais pas réussi à identifier l’orchestre et la cathédrale où a lieu l’enregistrement.
L’oratorio en entier raconte l’annonciation de l’arrivée du Christ sur terre, sa vie, sa mort, sa résurrection. L’Halleluja est le dernier mouvement de l’oratorio, il annonce la résurrection de l’âme chrétienne.
Voici le texte de base (en Anglais : comme l’oratorio n’est pas obligatoirement une œuvre religieuse, la langue profane, c’est-à-dire non religieuse, est « autorisée », à la différence d’une « messe » musicale, où là le texte sera obligatoirement en Latin.)
J’y ai ajouté une petite traduction maison afin que tout le monde puisse comprendre.
« Hallelujah
For the Lord God Omnipotent reigneth
Hallelujah Hallelujah Hallelujah Hallelujah
For the Lord God Omnipotent reigneth
Hallelujah Hallelujah Hallelujah
For the Lord God Omnipotent reignethThe Kingdom of this world is become
The Kingdom of our Lord and of his Christ
And of his Christ
And he shall reign for ever and everKing of Kings
And Lord of Lords
King of Kings
And Lord of Lords
King of Kings
And Lord of Lords
King of King
And Lord of LordsAnd he shall reign
And he shall reign for ever and ever
King of Kings
And Lord of Lords
Hallelujah Hallelujah
And he shall reign for ever and ever
King of Kings
And Lord of Lords
King of Kings
And Lord of Lords
And he shall reign for ever and ever
King of Kings
And Lord of LordsHallelujah ( x5)
Traduction française:
Alléluia!
Pour le règne du Seigneur Dieu tout-puissant
Alléluia!
Pour le règne Seigneur Dieu tout-puissant
Alléluia !
Le Royaume de ce monde est devenu
Le Royaume de notre Seigneur
Et de son Christ, et de Son Christ
Et il régnera pour toujours à jamaisRoi des rois
Et Seigneur des seigneurs
Roi des rois
Et Seigneur des seigneurs
Et il régnera pour toujours et à jamaisRoi des rois
Et Seigneur des seigneurs
Roi des rois
Et Seigneur des seigneurs
Et il régnera pour toujours et à jamais
Alléluia! Alléluia!
Alléluia! Alléluia!
IV/ Remarques musicales et conseils d’écoute:
Il y aurait beaucoup de choses à dire mais gardons en deux en tête.
Comme vous avez pu vous en rendre compte si avez des bonnes enceintes, le chœur est puissant. Très puissant même. On est plus proche de l’explosion de joie que du recueillement de la prière. Haendel a eu de nombreux problèmes avec cette pièce justement à cause de la puissance sonore absolument démesurée pour une pièce a priori religieuse. Elle fut jouée à peine cinq fois de son vivant.
Lors de la première, le Roi d’Angleterre qui assistait à la représentation pour les fêtes de Pâques se leva brutalement de son fauteuil et se planta rageusement debout, électrisé par l’ensemble. La foule dans la cathédrale se leva en catastrophe, croyant que le souverain n’appréciait pas et s’apprêtait à partir, devant… le malheureux Haendel (le chef d’orchestre à l’époque dirigeait face au public, et voyait donc tout ce qui se passait), qui s’imaginait face à tout ce vacarme qu’il était bon pour le premier bateau en partance pour l’Allemagne.
La deuxième chose que vous avez peut être remarqué est la nombreuse présence de cuivres. (trompettes, cors etc…). Ils arrivent quelques secondes avant la première minute. Les trompettes sont utilisées ici par Haendel comme les trompettes des anges : elles sonnent parfois la même note de façon répétée, joue la même chose que les chanteurs un octave au dessus ou en dessous.
Les cuivres « ponctuent » et accentuent plus qu’ils ne jouent un air. Ils renforcent plutôt qu’ils n’accompagnent. En bref, ils « annoncent » la résurrection. C’est particulièrement frappant quand les chanteurs chantent « King of kings, and Lord of lords » vers 1 minute 40 et 2 minutes 30.
V/ Remerciements :
Remerciements spéciaux à une de nos lectrices, Mistinguette. La vidéo que vous voyez est un montage entre une vidéo très belle esthétiquement et à la musicalité correcte et entre une vidéo musicalement très bonne mais à l’esthétique déplaisante.