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Souvent présenté de manière hâtive et restrictive comme un “humaniste” et un “pacifiste” – voire un écrivain “écolo” – Jean Giono n’est pourtant pas le précurseur d’une quelconque littérature “de terroir” pour bo-bo en mal d’authenticité. Ses écrits montrent au contraire un nature belle mais sauvage, souvent hostile où s’expriment les “âmes fortes” d’hommes bagarreurs. Né en 1895 à Manosque, mort en 1970 dans la même ville, il a dépeint, pendant un demi-siècle, cette “très vieille région des Alpes qui pénètre en Provence” qu’il n’a quasiment jamais quittée.

Fils d’un cordonnier, Jean Giono quitte l’école à l’âge de seize ans pour travailler à la banque de Manosque. Il continue de s’instruire en autodidacte, découvrant notamment la mythologie grecque qui imprègnera son oeuvre. Envoyé au front en 1915, il se bat à Verdun et au Mont Kemmel. Marqué par la brutalité des combats et par la mort de ses camarades, il devient pacifiste dans l’entre-deux-guerres, une position répandue parmi les anciens combattants.

De retour à Manosque, il se marie et commence à écrire. Naissance de l’Odyssée et Colline figurent parmi ses premiers écrits. Si le premier est refusé par Grasset, le second connait un succès rapide. En 1929, il cesse de travailler à la banque pour se consacrer uniquement à l’écriture. En 1931, Giono revient sur son expérience de la guerre dans un roman au titre évocateur : Le grand troupeau.

Il est difficile de définir précisemment les opinions politiques de Giono avant et pendant la Seconde Guerre. Au cours des années 1930, il adhère à l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires (communistes) mais s’en détache rapidement. Arrêté en septembre 1939 pour son pacifisme, il l’est à nouveau cinq ans plus tard, à la libération, accusé d’avoir fait paraître Deux cavaliers de l’orage dans un journal colaborationniste. Libéré en janvier 1945 sans avoir été inculpé, il figurera néanmoins sur la liste noire des écrivains “résistants”.

En 1951, il publie Le Hussard sur le toit, un roman d’aventure relatant la quête initiatique d’Angelo Pardi, un jeune aristocrate italien, à travers les vallées des Alpes de Haute-Provence. Dans ce récit, l’épidémie de choléra est un révélateur, un réacteur chimique qui met à nu les tempéraments les plus vils ou les plus nobles. Ce roman connaît un grand succès et sera adapté au cinéma. Un cinéma auquel Giono s’intéresse de plus en plus durant les dernières années de sa vie. En 1961, il préside le jury du Festival de Cannes.

Son dernier roman, L’Iris de Suse, paraît en 1970, année où une attaque cardiaque l’emporte. Le “voyageur immobile” sera enterré à Manosque, sa ville natale.

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