Un article de Rolfe Winkler, analyste financier, chroniqueur et blogueur chez Reuters, nous apprend que les quatre plus grosses banques des Etats-Unis ont doublé de volume au cours des neuf dernières années.
L’auteur se prononce pour leur pure et simple élimination.
(Traduction libre et liens hypertexte, par fortune.fdesouche.com)
Barack Obama a promis, le 14 septembre 2009, de “mettre fin à l’idée que certaines entreprises sont ‘trop grosses pour faire faillite'”. Bien qu’il ait esquissé certaines recommandations respectables, il a omis de préciser les réelles taille et puissance des institutions financières, qui rendent possible ce “trop gros pour faire faillite'”.
Car les gros ont encore grossi depuis le début de la crise financière. À la fin de 2007, les quatre grandes banques américaines – Citigroup, JPMorgan Chase, Bank of America et Wells Fargo – détenaient 32 % de tous les dépôts assurés par la FDIC [Federal Deposit Insurance Company – elle garantit chaque dépôt jusqu’à 250 000 dollars]. Au 30 juin 2009, 39 %. Au total, à cette dernière date, elles avaient en dépôt 3.800 milliards de dollars. Comparez ce chiffre à celui de la FDIC, qui fait apparaître un solde de seulement 10,4 milliards de dollars à la même date.
La FDIC a été le régulateur le plus efficace depuis le début de la crise, fermant les banques en faillite, afin de limiter les risques pour les contribuables. Mais ses ressources sont malheureusement inadaptées aux risques présentés par les institutions les plus importantes. (J’exclus la ligne de crédit de 500 milliards de dollars qu’elle a auprès du Trésor, ce sont les ressources des contribuables et non de la FDIC.)
Et nous ne parlons ici que des banques commerciales. Ces banques – notamment Citigroup, Chase et Bank of America – pratiquent d’énormes opérations d’investissement, d’une folle complexité et, au plan systémique, très dangereuses.
Obama reconnaît indiscutablement l’existence du problème : “le système dans son ensemble n’est pas en sécurité, aussi longtemps qu’il n’est pas à l’abri de la défaillance d’un établissement donné.”
Mais ses recommandations – des exigences de fonds propres plus rigoureuses, des règles plus strictes et une “autorité de décision” pour faire face aux effondrements systémiques – ne le résoudront pas une fois pour toutes.
Indéniablement, des exigences plus élevées de fonds propres sont un très bon début. Elles ne donnent pas seulement aux banques une assise plus grande pour faire face aux pertes, elles limitent aussi la quantité de crédit qu’elles peuvent déverser dans le système. C’est une bonne chose : trop de crédit, c’est l’air qui gonfle, en premier, des bulles d’actifs dangereux.
Mais des exigences plus élevées de capital ne rendront pas beaucoup plus petites les banques “trop grosses pour faire faillite”. Au mieux, elles vont pénaliser les plus grosses banques en réduisant leur rendement sur capitaux propres, donnant ainsi aux petites banques une longueur d’avance concurrentielle.
Un impôt sur les actifs est une autre bonne idée pour décourager la croissance, mais ce dont nous avons besoin, c’est d’une action plus agressive pour forcer le rétrécissement.
Par exemple, ressusciter une version de Glass-Steagall serait hautement sensé. Il est anormal que les banques commerciales utilisent leurs bilans de dépôts assurés par la FDIC, pour financer leurs opérations d’investissement à risque. Les deux fonctions devraient être scindées.
Et qu’est-il arrivé aux lois anti-trusts ? Malgré elles, Citigroup, Chase et Bank of America contrôlent les deux tiers du marché des cartes de crédit. Cette mainmise leur donne un pouvoir important sur les consommateurs.
Une autre question est celle des produits dérivés, dont Obama n’a pas vraiment parlé.
L’exposition notionnelle totalise encore des dizaines de milliers de milliards de dollars dans les plus grosses banques. Bien sûr, beaucoup de ces expositions peuvent se contrebalancer les unes les autres, mais cela suppose que la guirlande ne cassera pas. Pour assurer l’intégrité du marché, les plus gros joueurs à tout ce jeu doivent recevoir une garantie explicite : “il n’y aura plus de Lehman“.
Cela nous entraîne au cœur de la question. Bien qu’Obama dise qu’un retour à la «normalité» signifie que les dispositifs de secours d’urgence peuvent prendre fin, il y a fort à parier qu’ils seront immédiatement remis en oeuvre, la prochaine fois que nous aurons un événement systémique.
La seule façon de nous assurer que nous n’aurons plus jamais besoin d’eux à nouveau, est d’éliminer les banques trop-grosses-pour-faire-faillite. Le moyen le plus rapide d’y parvenir, est de les briser.