Pour Sebastian Roché, chercheur “spécialiste de l’insécurité dans un laboratoire grenoblois” du CNRS et professeur à l’Institut d’études politiques de Grenoble, le quartier de la Villeneuve connaît les mêmes problèmes de délinquance que les autres banlieues françaises, en raison de «phénomènes de ségrégation et d’une forte pauvreté».
“La police doit reconquérir la confiance de la population. Elle doit être perçue comme rendant service aux habitants pour le maintien de l’ordre et non comme une force qui envahit un territoire.”
Q. Comment expliquer la flambée de violences de ce week-end à Grenoble ? Existe-t-il un problème propre à cette ville ?
Il n’existe pas de spécificité grenobloise. Comme dans le reste de la France, la délinquance se développe dans les banlieues pauvres des grandes villes. Les revenus de la population sont faibles, le chômage, en particulier celui des jeunes, y est très important et des phénomènes de ségrégation spatiales et raciales sont à l’œuvre. Le sentiment d’exclusion que ressent la population est très fort. Les délinquants poursuivis par la police choisissent alors de se réfugier dans ces quartiers défavorisés car ils savent qu’ils vont y trouver une hostilité de la population à la police et aux institutions. Ce soutien latent fait des banlieues pauvres un terreau favorable pour la délinquance.
Q. Le quartier de la Villeneuve a-t-il fait l’objet d’une rénovation urbaine ?
A la Villeneuve, on est face à une configuration très classique : il s’agit d’un quartier de logements sociaux, construit à la fin des années 1960, au sud de Grenoble, qui regroupe près de 15 000 personnes. Au départ, le quartier était loué pour la mixité sociale qu’il avait réussi à créer (…) Mais ces classes moyennes ont fini par déménager et le quartier a connu un appauvrissement. Il concentre aujourd’hui les populations immigrées et d’origine immigrée, plus pauvres.