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Inquiétés par la bulle sur les actifs, les investisseurs et particuliers achètent en masse de l’or… créant ainsi une nouvelle bulle, déconnectée de toute réalité économique ! Un constat dressé par Nouriel Roubini, l’économiste qui, lui, avait vu venir la crise de 2008…

( Extrait du Parisien du lundi 21 décembre 2009, page 8 )

Entre ses deux doigts, la commerçante de Colmar serre une brique rutilante frappée de lettres solennelles : «Feingold 999,9.» Cette fondée de pouvoir dans le négoce d’or a de quoi sourire.

En un an, le cours de l’or a bondi de 30%. Aucune demande industrielle derrière ce boom, ni épuisement d’une mine : sur les marchés, l’or est le refuge des capitaux inquiets. Mais pourtant, la reprise est là, puisque tout le gouvernement le dit ! A moins que…

Quand les bulles financières font gonfler la bulle sur l’or

Connu pour avoir mis en garde contre l’effondrement du système financier avant la chute de Lehman Brothers, l’économiste Nouriel Roubini racontait dans le numéro du lundi 21 décembre des Échos, les hoquets d’un marché de l’or agité par la crise. Quand le monde a commencé à trembler début 2008, son cours a connu une première fièvre, qui est retombée… avant de repartir après les faillites des banques à l’automne. Les garanties des États ont calmé le jeu, mais pas pour longtemps : fin février, l’or a repassé la barre des 1000 dollars de l’once, quand les marchés ont craint l’insolvabilité des États. Autant de pics de cotation aussi prévisibles que circonscrits.

Seulement voilà : la quatrième bulle de l’or échappe aux critères habituels… Ou plutôt, elle en cumule tellement qu’elle semble bien partie pour projeter le métal précieux au delà de 2000 dollars l’once ! Roubini isole cinq raisons principales : spéculation sur les dettes, flot de liquidités, jeu sur les marchés asiatiques… En un mot, en jouant avec les milliards injectés par les plans de relance et les dettes qui en découlent, les apprentis sorciers de la finance encouragent les plus inquiets à planquer leurs fonds ailleurs quand dans ces bulles…

Ironie du sort : alors que les États misaient tous sur le rétablissement de la confiance, les sommes qu’ils ont injectées dans l’économie la déstabilisent tant qu’elles empêchent le retour de cette confiance tant espérée !
Et il n’y a pas que les marchés financiers qui prennent peur. Revenons à notre vendeur d’or de Colmar. Ses clients, comme le rapporte Le Parisien du lundi 21 décembre, se diversifient, ayant perdu confiance dans les banques.

«Alors qu’en 2008 nos clients étaient surtout des gens aisés, c’est aujourd’hui Monsieur Tout-le-Monde qui vient sécuriser ses économies, avec parfois des budgets de l’ordre de 500 à 1000€», raconte une fondée de pouvoir.

Preuve que les grands mots et les salamalecs des chefs d’État réunis à Londres ou à Pittsburgh n’ont pas convaincu, les Français moyens protègent désormais leurs économies des banques. «Si vous craignez vraiment une débâcle de l’économie mondiale, vous seriez plus inspiré de stocker des armes et des boîtes de conserve dans votre cabane au fond des bois», conclut Nouriel Roubini dans sa chronique. Espérons que le prix du fusil et le cours de l’action William Saurin ne grimpent pas trop dans les mois à venir…

Marianne2

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