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Charles Alexis Henri Clérel de Tocqueville est un penseur politique, historien et écrivain français. C’est une des grandes figures du libéralisme. Méfiant envers un État omnipotent, «immense et tutélaire», la tension permanente entre liberté et égalité fut une de des préoccupations majeures.

Tocqueville naît à Paris dans une famille légitimiste de la noblesse normande qui compte parmi ses ascendants Malesherbes. Son père, Hervé Clérel de Tocqueville, comte de Tocqueville, soldat de la Garde constitutionnelle de Louis XVI et sa mère, Louise Madeleine Le Peletier de Rosanbo, évitent la guillotine grâce à la chute de Robespierre en l’an II (1794).

Il fréquente le collège de Metz. De 1820 à 1826, il fait ses études de droit et est nommé juge auditeur à Versailles en 1827. Il décide d’aller étudier le système carcéral américain, modèle possible pour remplacer le vieux système français mais, en fait, comme le révèle sa correspondance, il entend examiner le système politique. Ses observations et analyses seront rassemblées dans son ouvrage, De la Démocratie en Amérique dont le premier tome est publié en 1835.

Député de 1839 à 1851, il est ministre des Affaires étrangères en 1849, et est incarcéré pendant quelques jours suite au coup d’Etat de 1851. Il rédige L’ Ancien Régime et la Révolution, dont le début paraîtra en 1856. Il y juge la noblesse française, qui n’a pas su s’adapter comme l’avait fait la noblesse britannique. En 1857, il voyage en Angleterre pour préparer une suite à l’Ancien Régime et la Révolution, mais n’a le temps que de rassembler des notes. En octobre 1858, il part avec sa femme pour Cannes où il meurt de la tuberculose le 16 avril 1859. Il est enterré au cimetière de Tocqueville près de Barfleur en Normandie.

Sources :1 2 3

Extrait : De la démocratie en Amérique, vol II (Quatrième Partie : Chapitre VI)

Quelle espèce de despotisme les nations démocratique ont à craindre

Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde ; je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs dont ils remplissent leur âme. Chacun d’eux retiré à l’écart est comme étranger à la destinée de tous les autres ; ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine …

Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire qui se charge seul d’assurer leurs jouissances et de veiller sur leur sort. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril, mais il ne cherche au contraire qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent pourvu qu’ils ne pensent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre !

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