L’industrie française va mal, depuis plusieurs années déjà. Pourtant dans le monde de l’après-crise qui se dessine aujourd’hui, l’industrie, la technologie et l’innovation seront au centre des futures batailles.
Le lancement il y a quelques jours des états généraux de l’industrie, annoncés par Nicolas Sarkozy en septembre, témoigne d’une angoissante réalité : le tissu industriel français va mal. Très mal. Et les quelques grands contrats signés au gré de voyages présidentiels ne doivent pas faire masquer une situation préoccupante.
L’industrie française vit depuis plusieurs années un curieux processus darwiniste : plus le tissu manufacturier se délite, plus les survivants sont forts, entretenant du même coup l’illusion d’une certaine forme de résistance.
La France est avec, le Royaume-Uni, le pays d’Europe où la désindustrialisation a été la plus marquée au cours des dernières décennies.
Par rapport à 2000, la production manufacturière affiche une baisse de 13,5%. Cette année, la balance commerciale devrait encore afficher un trou de près de 50 milliards d’euros, malgré l’allègement de la facture énergétique.
L‘excédent brut d’exploitation – en clair les profits – de l’ensemble des entreprises industrielles, était au printemps dernier inférieur de moitié à son niveau du début de la décennie, d’après les derniers calculs des experts de COE-Rexecode.
Une profitabilité en chute libre, qui a fait des ravages sur l’investissement productif. En volume, les dépenses d’équipement dans l’industrie sont revenues en 2009 à leur niveau de 1984 ! Et les dépenses en R&D des entreprises françaises ne représentent plus que 30% des dépenses des entreprises allemandes contre 45% en 2000.
“Dans l’inconscient collectif, la France a déjà perdu son industrie”, déplore Jean Louis Levet, économiste et directeur de l’IRES (Institut de recherches économiques et sociales). Pour preuve, ces milliers de jeunes qui boudent les écoles d’ingénieur.
Pourtant dans le monde de l’après-crise qui se dessine aujourd’hui, l’industrie, la technologie et l’innovation seront au centre des futures batailles alors que les géants comme la Chine, l’Inde et le Brésil, montent de plus en plus en gamme. Il est plus qu’urgent que la France se dote à nouveau d’une véritable politique industrielle.