Quelques jours après la mort de l’otage français Michel Germaneau, le dernier roman de l’Américain Norman Spinrad est d’une actualité cinglante : “Oussama” accuse autant les islamistes que l’Occident dans le chaos actuel. Ses deux derniers romans, jugés trop provocants, ne sont même pas parus aux Etats-Unis. Interview de l’auteur.
” En France, la population est à 10% musulmane, et une bonne partie résiste à l’intégration culturelle. L’islam est donc une question sérieuse, et plus tendue. Pour le Français non-musulman, ça peut être un danger pour la cohérence culturelle française”
“Oussama”, a paru fin mai, mais seulement en France. Un roman de légère anticipation, narré par un garçon embrigadé par les services d’un Califat rétabli, qui réunit toutes les terres d’islam entourant le Moyen-Orient. Et qui s’oppose au Grand Satan américain, tout en acceptant de commercer le pétrole.Avec cette trame, Spinrad étudie l’islam religieux, l’islam politique, les musulmans de France, le passage d’une pratique religieuse au djihad. Mais n’oublie pas de maltraiter au passage les Etats-Unis. Et la France.
Q. Depuis “He walked among us”, vos romans sont centrés sur la religion et l’imposture (“Ralf”, Oussama). La religion est-elle toujours l’opium du peuple, plus que le sexe et l’argent ?
Le mot «religion» peut signifier deux choses. D’une part, la recherche sincère de la vraie expérience transcendantale -le bouddhisme original, le vrai islam soufi, le zen… D’autre part, la religion hiérarchique, imposée, basée sur des règles : l’islam en Iran ou dans les régions talibanes, l’église catholique romaine : ici, religions et Etats ne sont toujours pas séparées. D’ailleurs, « la séparation de l’Eglise et de l’Etat » est plus ou moins une invention des révolutions américaine et française. (…)
Q. Une telle guerre sainte va-t-elle vraiment arriver selon vous ?
Elle a déjà commencé. Dans une forme ou une autre, depuis les croisades.