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Pour que les parents puissent prendre leur retraite à 60 ans, les enfants devront cotiser toujours plus.

Source : Le Figaro (cliquez sur le graphique pour l'agrandir)

Il ne faudra pas s’attendre au Grand Soir pour notre système de retraites.

Nicolas Sarkozy se veut le garant de notre modèle par répartition, il l’a promis lors de son passage sur TF1.

De l’autre côté, Martine Aubry, qui semblait récemment favorable à l’allongement de la durée de cotisations, s’est vite rétractée. Le départ à la retraite à 60 ans est un acquis, la gauche ne reviendra pas dessus.

Les actifs peuvent donc travailler tranquilles, nos élus veillent au grain pour garantir une belle retraite à tous, nous assurent-ils.

Mais, voilà, la réalité est toute autre et, encore une fois, les Français préfèrent la politique à la logique économique. Réclamer le maintien du départ à la retraite à 60 ans impose aux jeunes générations de débourser plus, pour que les retraités en profitent plus longtemps. Est-ce ça, la solidarité intergénérationnelle?


Quels sont les défis actuels de notre système par répartition ?

Rappelons que ce sont les actifs qui financent, par leurs cotisations, les pensions de leurs aînés et que le système fonctionne, tant qu’il y a un rapport actifs/inactifs au moins supérieur à 2 et constant à travers les générations. Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui et l’avenir est encore plus sombre.

Les projections pour 2020 sont sans appel. Il y avait 182 cotisants pour 100 retraités en 2006 et il n’y en aura que 121 pour 100 en 2050. Ce déséquilibre croissant entre le nombre des actifs et des retraités, rend le système intenable.

Le Conseil d’orientation des retraites (COR) vient encore de le rappeler dans son rapport remis jeudi 28 janvier au Parlement : «La dégradation rapide de la situation financière des régimes de retraite en 2009 et 2010, dans un contexte de crise économique et financière, intervient alors que les régimes sont structurellement déficitaires, du fait de l’arrivée à l’âge de la retraite des générations nombreuses du baby boom depuis 2006 et de l’allongement continu de l’espérance de vie, qui augmenterait encore de plus de 4 ans d’ici 2050.»

Mais, ces données ne changent rien à la détermination de certains. La CGT a ainsi annoncé de nouvelles mobilisations sur les retraites, du 15 au 19 février, pour dénoncer et refuser tout allongement de la durée de cotisation, ainsi que le remise en cause de l’âge légal à 60 ans.

Pour autant, réclamer que rien ne change et s’agripper si fermement aux acquis, fait porter la responsabilité et la charge financière sur les autres, les actifs actuels mais, surtout, les générations suivantes. Le régime d’assurance vieillesse enregistrera déjà, en 2010, plus de 10 milliards de déficit. Toujours selon le COR, le besoin de financement des retraites s’élèvera à près de 25 milliards d’euros en 2020.

S’obstiner pour que les acquis demeurent, impose aux jeunes générations de cotiser toujours plus pour satisfaire la volonté de leurs parents de partir jeunes à la retraite.

Nous le savons bien, nous sommes et nous serons encore vaillants à 60 ans, beaucoup d’entre nous souhaitent d’ailleurs poursuivre leur activité après cette limite d’âge. Dans la plupart des pays d’Europe, l’âge moyen pour le départ à la retraite est de 65 ans. Il est donc possible d’envisager un ou deux ans de travail supplémentaire, sans créer d’émeutes.

Ce serait par ailleurs un signe de solidarité envers les enfants, en évitant de plomber leur feuille de salaires à venir avec des cotisations écrasantes. Les français dénoncent la dégradation de leur pouvoir d’achat.

Si travailler un ou deux ans de plus permet aux générations suivantes (donc, à nos enfants) de ne pas crouler sous le poids des retraites et d’alléger leurs charges, cette solution doit être étudiée, sans menacer de paralyser le pays pendant un mois (à l’instar de ce qui s’est passé en décembre 1995).

Il faut peut-être réveiller les consciences et demander plus de responsabilité de la part de chacun, pour qu’il n’y ait pas trop de perdants pour les générations à venir. La solidarité intergénérationnelle fonctionne dans les deux sens.

Il ne faut pas oublier que les élus ont une vision à court terme, fixée par leur agenda électoral et, tant qu’il n’y a pas péril immédiat, ils ne verront aucun intérêt à défendre et expliquer les réformes qui s’imposent.

Slate

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