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Le ministère du Travail a recensé plus de 2.200 plans sociaux l’année dernière, soit plus du double par rapport à 2008. Désormais, les salariés concernés se mobilisent parfois davantage pour obtenir des indemnités plus importantes que pour sauvegarder l’emploi. Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en janvier sera connu aujourd’hui [24 février 2010].

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Ce n’est pas à proprement parler une surprise, mais 2009 risque bien de rester dans les mémoires et les statistiques comme une année particulièrement noire sur le plan social.

Selon les recensements du ministère du Travail, le nombre de plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) a plus que doublé l’an passé, à 2.242 cas, contre 1.061 en 2008 et 957 en 2007. Un record depuis au moins dix ans, date de la publication de la série longue par le ministère.

Sans surprise, c’est à partir de l’automne 2008 que leur nombre s’est envolé. Si l’administration en recensait auparavant une petite cinquantaine par mois, à partir de septembre 2008, leur nombre a régulièrement dépassé la centaine, pour culminer au printemps : en mars 2009, 252 PSE ont été enregistrés. Depuis, la tendance s’infléchit, mais sur des niveaux élevés.

Derrière ces chiffres se retrouvent aussi bien les plans sociaux médiatiques (Continental, Molex, Valeo, Heuliez, Trèves, Philips, Total, etc.) que les faillites et fermetures de sites, plus discrètes, de nombreuses PME. Après un pic autour de 24.000 inscriptions à Pôle emploi pour licenciement économique, en août et septembre dernier, la tendance semble désormais aussi à la baisse (18.500 en décembre), plus proche des quelque 15.000 cas enregistrés mensuellement, en moyenne, en 2008. Le chiffre de janvier sera connu aujourd’hui [24 février 2010].

Si les pouvoirs publics ne peuvent que se réjouir de cette tendance, l’entourage du ministre du Travail juge que, ” paradoxalement, la période est plus critique ” : avec l’idée que la crise est désormais moins profonde, les annonces de fermeture de sites risquent d’être de plus en plus contestées. Les récentes affaires de Philips et Total pourraient d’ailleurs constituer un signal d’alarme. Le gouvernement n’écarte pas la pire des situations : une multiplication des conflits, malgré un reflux ou une stabilisation du nombre de plans sociaux.

D’où la multiplication d’initiatives gouvernementales destinées, à l’approche des élections, à rassurer, comme la volonté d’empêcher les plans sociaux contre les seniors ou l’omniprésence des ministres : Christian Estrosi (Philips, Total) Hervé Novelli (Ikea), Xavier Darcos (Marbot-Bata).

En s’adaptant à la nouvelle donne apparue en 2009 : celle des plans sociaux avec bonus. Salariés et syndicats ne se mobilisent plus toujours prioritairement en faveur de la sauvegarde de l’emploi, mais bien pour demander le plus souvent des primes de licenciement les plus élevées possible. Et le phénomène ne touche pas que les grosses entreprises. Dernier exemple en date, celui de l’entreprise de monte-charges Renolift à Meyzieu.

La voie a été ouverte par les salariés de Michelin à Toul. Fin 2007, l’entreprise avait annoncé la fermeture de son site. Après des manifestations musclées allant jusqu’à la séquestration de dirigeants, les employés ont finalement obtenu 2.400 euros de prime de départ par année d’ancienneté. Une démarche qui a fait des émules depuis : Sony, Continental, Molex, Caterpillar l’an passé. Pier Import, Hélio-Corbeil depuis le début de l’année.

Les Echos

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