(…) L’insécurité est née avec l’apparition du sexe, avec la venue du rythme, de la couleur, avec le mélange, c’est-à-dire le crime capital, la Faute, le péché originel. C’est dire que l’insécurité remonte à la nuit des temps, à l’apparition du vivant. Elle est inhérente à la condition humaine. Alors faut pas rêver ! L’insécurité est une affaire de sexe, et elle disparaîtra avec le sexe, avec l’Autre, l’altérité.
(…) On comprend que le problème de l’insécurité est intimement lié à la présence du trou noir, de l’inconnu, de l’incompréhensible, de l’incertitude, de l’immaîtrisable, du risque, en somme lié à la présence de l’Autre, du vide, de la différence, source de toute angoisse, de la peur et de l’effroi archaïque. L’insécurité participe de la fiction – tout comme la femme est une fiction pour l’homme et vice-versa.
L’insécurité, ou plus justement le sentiment d’insécurité, c’est de l’ordre du fantasme, de la déraison, ce qui n’exclut pas une certaine logique.
(…) L’insécurité fonde pourtant le vivant, la limite, le différent, le jeu, la langue, l’art, l’acte de création et la liberté. L’insécurité fait exister l’Autre et s’en porte garant. L’insécurité c’est la vie, c’est l’impure et intolérable relation entre l’Un et l’Autre, entre le vide et le plein, l’Identité et la Différence.
Libération (merci à artichaud)