Mustafa Chérif, philosophe algérien, qui affirme être pour la liberté religieuse et le «droit à la différence», s’inquiète cependant du prosélytisme «d’extrémistes chrétiens» qui conduit, en Algérie, des musulmans à se convertir au christianisme.
Le principe de la liberté de conscience et de culte n’autorise pas à abuser de l’hospitalité”
(…) quiconque de sensé, ne peut qu’être préoccupé par les obstacles dressés ici et là contre le culte islamique en Occident et contre le culte chrétien dans des pays musulmans. Tout en sachant que les obstacles sont le produit de contradictions politiques et non point coraniques ou évangéliques.
Depuis des siècles, la cohabitation en rive Sud était et reste une réalité, malgré des écarts possibles entre théorie et pratique. Toute discrimination des croyants dans tel ou tel pays, est inadmissible. Tout croyant et humaniste doit exprimer des sentiments de compassion et de bienveillance sans solidarité exclusive, à l’égard de ceux qui sont agressés dans leur vie religieuse.
Reste que, si le droit de changer de religion et de témoigner de sa foi doit être garanti, par contre il est légitime de vouloir se protéger des pratiques du prosélytisme agressif et manipulateur, notamment en direction de personnes fragiles. Le prosélytisme, avec des méthodes semblables à celles des sectes, à visée de déstabilisation des sociétés, d’exploitation et de domination, est inadmissible. Qu’un propagandiste use de moyens douteux pour répandre sa foi, tirant parti des faiblesses des autres, est inacceptable.
Par détournement du problème, certains réfutent le droit légitime à un Etat de réglementer et de contrôler les activités des cultes, et non point l’intimité, les sentiments et les consciences. Nul ne peut nier que le prosélytisme d’extrémistes chrétiens, qui cherchent à convertir par tous les moyens, sont une campagne de déstabilisation des musulmans avec des soubassements politiciens, économiques et idéologiques. Il ne s’agit pas du droit de témoigner de sa foi, tout comme les musulmans ont le droit de témoigner et d’annoncer le Coran, mais de la tentative inacceptable d’exploiter la détresse, de détourner des personnes fragiles de leur société et de leurs racines.
(…) les catholiques, et même des protestants, qui vivent en terre musulmane, comme en Algérie, sont serviteurs, humbles et pacifiques. Ils ne font pas de prosélytisme et respectent le peuple musulman.