Bien connus des amateurs de livres anciens et rares, les bouquinistes installés sur les quais de la Seine depuis le milieu du XVIe siècle sont dans une situation difficile. Concurrencés par la vente en ligne et l’essor du numérique, ils s’accrochent à leur passion. La Mairie de Paris veut les aider…
La Seine est le seul fleuve qui coule entre deux rangées de livres. L’image d’Épinal a quelque peu perdu de son éclat. Même si les rives de la Seine à Paris ont été inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco en 1991, le métier des bouquinistes, qui font une partie de l’attrait de la Ville lumière, n’en est pas moins en péril.
«C’est la désolation !», clame Bernard, moustache et canotier, grand amateur de romans policiers et bouquiniste depuis dix-neuf ans. «On est sur le toboggan», affirme un autre, qui exerce depuis plus de quarante ans. Cette crise profonde, vieille de trente ans, semble refléter un état ambiant. Il y a une «désaffection pour le livre sitôt qu’on passe au-dessus de San Antonio», lance Michel. Propos confirmés par Bernard, catégorique : «Plus c’est con, plus ça se vend !»
Tous regrettent la nouvelle prolifération de marchandises à touristes. La Mairie de Paris a décidé d’entreprendre des réformes afin de faire revivre ce vieux métier et de restreindre la vente de bibelots à une boîte par emplacement. C’est dans cette perspective qu’a été créée la Commission pour l’attribution des emplacements, il y a un peu plus d’un an. Des vérifications ont lieu régulièrement pour s’assurer que les bouquinistes sont fidèles au poste ou qu’ils ne se sont pas transformés en marchands de souvenirs. Certains craignent d’y perdre leur liberté, d’autres saluent cette initiative, même si, comme le dit Bernard, «ça va prendre des années pour redorer le blason».