Maria, une prof de français, avait fui l’Angola en 1992, alors en guerre civile, à la faveur d’un stage professionnel, bien décidée à ne pas regagner son pays. Après avoir fait venir son fils et s’être procuré de faux papiers, elle a réussi à bénéficier d’aides sociales : prime de Noël, revenu minimum d’insertion, rentrée scolaire, aide au logement, allocation de parent isolé … Condamnée à six mois de détention, intégralement assortis d’un simple sursis, elle bénéficie depuis 2006 d’un titre de séjour “vie privée, vie familiale” renouvelé tous les ans.
A son arrivée en France, elle enclenche alors une procédure de demande d’asile. Las, celle-ci lui est refusée. En 1994, elle décide de faire venir son fils, trouve quelques menus boulots non déclarés. En situation d’extrême vulnérabilité, seule, elle rencontre un homme qui lui plaît. Par son entremise, elle parvient à se procurer, contre de l’argent, une fausse carte d’identité. Puis un faux extrait de naissance concernant son fils (prétendument né au Gosier, en Guadeloupe).
De quoi, à partir de là, demander à bénéficier d’aides sociales tant auprès du conseil général du Gard que de la caisse d’allocations familiales de l’Hérault. Jusqu’à ce nouveau contrôle mené par la Caf, en 2006. Lequel permet de mettre au jour la tromperie. Au final, Maria aurait ainsi obtenu quelque 99 000 € de prestations indues. (…)
« Elle était seule au monde, avec un enfant en bas âge », plaide Me Bonnafous, le conseil de la mère de famille, évoquant l’état de nécessité. Ce fils ? Un jeune adulte aujourd’hui admis, quinze ans après son arrivée sur le sol français, en deuxième année de Langues étrangères appliquées. Faisant ainsi dire à la défense : «C’est ce préjudice qui a permis à ce garçon d’avoir un toit, de faire des études et d’être, aujourd’hui, à l’université !»
Magnanimes, les magistrats ont finalement condamné Maria à six mois de détention, intégralement assortis d’un simple sursis. Mais lui ont enjoint de rembourser 42 071,88 € à la Caf et 55 794,05 € au Département du Gard. Pas une paille non plus…