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À Nantes, depuis quatre mois, des policiers luttent à plein temps contre ce fléau. Ce test pourrait faire école dans d’autres villes françaises.

« La voiture brûlée en bas de chez soi ? Ça, ça touche les gens, bien plus que la banque qui se fait braquer », remarque le socialiste Gilles Nicolas, adjoint à la tranquillité publique à Nantes. Depuis dix ans, sa ville est fortement concernée : 636 véhicules incendiés en 2009 ; plus de 700 en 2007, année noire. Les employés municipaux veillent, notamment, à ne pas laisser traîner d’épaves, « une carcasse en entraînant une autre. Mais mon rôle n’est pas d’arrêter les incendiaires ! », constate l’élu.

En mars, François Mainsard, patron de la police en Loire-Atlantique, a attaqué le problème de front. Il a créé une brigade, la Cellule de lutte contre les incendies de véhicules automobiles (Cliva). Elle compte six enquêteurs, dont cinq mobilisés à plein temps.

Car ce type d’enquête est un vrai casse-tête. Les motivations des incendiaires sont multiples (voir ci-dessous). Le forfait est commis en un rien de temps : il est rarissime de surprendre les auteurs en flagrant délit. Et, après les flammes, il n’est pas facile de débusquer des indices techniques et scientifiques. Reste le voisinage. Qui n’est sans doute pas aveugle, mais muet le plus souvent. Peur des représailles ? Défiance vis-à-vis des pouvoirs publics ? La plupart du temps, personne n’a rien vu…

« Chaque matin, on est sûr d’avoir au moins une ou deux bagnoles cramées », confie un policier. Pourquoi à Nantes plus qu’ailleurs ? « On n’a pas d’explications, admet François Mainsard. Il a fallu se donner les moyens d’analyser le problème et de tenter de l’endiguer. »

La Cliva dispose désormais d’éléments statistiques, permettant aux enquêteurs de mieux organiser leurs interventions. Les tableaux donnent l’heure « favorite » des incendiaires, entre minuit et 4 h. Et leurs cibles, un peu partout dans l’agglo, malgré quelques secteurs plus affectés autour des trois grandes zones HLM. En quatre mois de fonctionnement, la Cliva a su se rendre indispensable. En combinant moyens techniques et scientifiques, partenariat avec les assurances, enquêtes de voisinage approfondies, elle a mis au point une machine à enquêter performante et implacable. « Depuis la création de la Cliva, on recense trente voitures brûlées en moins, en moyenne, chaque mois », annonce le patron de la police.

À la direction centrale de la Sécurité publique, à Paris, le « laboratoire nantais » est observé de près, avec intérêt. « Il faut voir ce que ça donne sur une année entière de fonctionnement, pour avoir un recul un peu sérieux. Mais ce ‘pilote’ pourra effectivement être calqué dans d’autres départements. »

Ouest France

(Merci à plop et à bernard)

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