Jules Dumont d’Urville (1790-1842) est l’un des derniers grands explorateurs français alliant qualités de navigateur et curiosité scientifique, dans la lignée de Bougainville et de La Pérouse. De la Vénus de Milo à la Terre Adélie, la France lui doit d’importantes découvertes.
Né en 1790 à Condé-sur-Noireau (Calvados), son éducation est confiée à son oncle,l’abbé de Croisilles, suite au décès de son père, Gabriel Jean François Dumont, seigneur d’Urville. Engagé dans la Marine à dix-sept ans, il devient, en 1812, enseigne de vaisseau. En 1819, il prend part à une expédition scientifique en Mer Noire et dans les îles grecques. Sur un île de la Mer d’Egée, une statue antique vient alors d’être exhumée par un paysan travaillant son champ.
Dumont d’Urville, saisissant l’importance de cette découverte, écrit à l’ambassadeur français à Constantinople. Après de longues tractations, ce dernier parvient à acquérir, pour le compte de la France, cette statue remarquable, qui deviendra célèbre sous le nom de Vénus de Milo et sera conservée au Louvre.
En 1826, on lui confie le commandement de L’Astrolabe et de La Zélée, deux corvettes destinées à explorer l’Océanie. Son expédition de 35 mois procura à la géographie et à la navigation la reconnaissance de terres alors peu connues : Nouvelle-Irlande, Nouvelle-Bretagne, Nouvelle-Guinée… Mais surtout, Dumont d’Urville parvient à localiser les restes de l’expédition de La Pérouse, disparue corps et biens en 1788. Les immenses récoltes d’histoire naturelle, amassées durant tout le cours de la campagne, furent déposées au retour au Muséum d’Histoire Naturelle et le Musée maritime s’enrichit d’un nombre considérable d’objets des peuples visités.
Laissé au “repos” par la Monarchie de Juillet, le marin doit attendre 1837 pour reprendre la mer, à la tête d’une expédition dans les mers australe. En 1839, malgré le scorbut et les glaciers, il parvient à découvrir de nouvelles terres dans l’Antarctique. Repoussant la limite australe de la navigation établie par James Cook (1728-1779), il atteint, par plus de 60 degrés de latitude sud, une terre inconnue qu’il baptise Terre Adélie, en l’honneur de son épouse, Adèle. Menacé par le labyrinthe de glace qui se referme sur son bateau, il met cap au Nord au début du mois de février 1840 et rentre en France via la Nouvelle-Zélande et l’Océan Indien.
A son retour, Dumont d’Urville est nommé contre-amiral et reçoit la grande médaille d’or de la Société de Géographie.
En 1842, celui qui avait affronté tous les dangers de la mer meurt dans un accident de train lors de l’inauguration de la ligne Paris-Versailles. Son corps, ainsi que ceux de sa femme et de son fils, reposent au cimetière du Montparnasse.