Le sentiment d’insécurité envahit les cours d’école. Jean-Pierre Bellon, professeur de philosophie, et Bertrand Gardette, conseiller principal d’éducation,* en dressent le constat au terme d’une enquête menée auprès de 3.000 collégiens.
Un élève sur cinq élèves interrogés déclare éprouver ce sentiment-là au sein du collège et 10 % reconnaissent être régulièrement victimes de harcèlement. Principal responsable ? Le “school bullying“, une expression anglaise désignant notamment les moqueries, agressions et mesures d’ostracisme infligées de manière répétée aux élèves jusqu’à engendrer chez leurs victimes des traumatismes irréversibles.
Les outils du parfait harceleur sont souvent les mêmes : rumeur faisant croire qu’untel est une “balance” ou qu’une telle est une “chienne d’intello“, brimades, coups de projectile, dégradations vestimentaires, auxquels s’ajoute l’arme du XXIe siècle : le cyberharcèlement via des blogs ou par SMS. La victime se transforme rapidement en boule de “flipper” dans les couloirs du collège et devient la cible d’un acharnement en escalade.
“Faut-il attendre que le harcèlement soit reconnu comme la cause directe de décès par suicide d’adolescents pour qu’on se décide à prendre le problème au sérieux ?” s’inquiètent les auteurs, qui appellent à la naissance d’un nouveau droit : “celui des élèves de se rendre à l’école sans y être importunés“.
*Harcèlement et brimades entre élèves – La face cachée de la violence scolaire, par Jean-Pierre Bellon et Bertrand Gardette (Fabert, 201 pages, 20 euros)