Retour en récession, double dip, … le vent a tourné. La Fed fait profil bas depuis la dernière révision du PIB américain. La population employée diminue, le revenu des ménages n’augmente pas. Dans ces conditions, pas étonnant que les entreprises ne débordent pas d’activité. Trois quarts de la croissance américaine provient de la consommation.
Deux données ont fait caler la croissance :
- Les dépenses fédérales et locales ; c’est une bonne chose dans un pays surendetté.
- Les stocks et inventaires des entreprises ; c’est une très mauvaise chose. Cela signifie que les Américains se retrouvent toujours incapables de consommer sainement, c’est-à-dire sans crédit.
Taux d’emploi américain – Ce graphe nous donne en noir la population employée et, en rouge, le pourcentage que cette population représente par rapport à la population en âge de travailler.
Mais en grattant un peu, on arrive à une évidence que nous répétons inlassablement depuis le début de la crise du crédit subprime : les chômeurs consomment peu. Et derrière tout le blabla économique et le fatras statistique, ce sont les chiffres du chômage qui devraient être dramatiquement révisés à la hausse.
Voici pourquoi.
Les statistiques sont construites pour refléter une tendance installée de prospérité, c’est-à-dire de croissance robuste. Voici deux principaux biais qui faussent les chiffres :
Le biais des naissances et décès des entreprises (Birth-Death Model)
L’administration américaine qui s’occupe de collecter les données de l’emploi s’appelle le BLS ou Bureau of Labor Statistics (http://www.bls.gov/). Elle envoie régulièrement des formulaires aux employeurs pour qu’ils déclarent leurs employés, leur création d’emplois ou éventuellement leur suppression de postes. Lorsqu’une entreprise ne répond pas ou est en retard dans sa réponse, elle est supposée avoir conservé ses effectifs.
C’est parfaitement logique lorsque tout va bien et que la croissance est dynamique. Si vous êtes un patron en train de développer votre affaire, votre priorité n’est pas franchement de remplir un formulaire concocté par un obscur bureaucrate du BLS. En plus le cycle de collecte des données est de 5 ans. Dans ce cas, le BLS estime les informations manquantes par l’hypothèse de l’effectif inchangé.
Dans le cas d’une grave récession, qui prend le chemin de se transformer en dépression, vous comprenez immédiatement qu’une telle hypothèse mène à sous-estimer le chômage.
Entre juillet 2010 et juin 2009, cette hypothèse a conduit à rajouter 16 000 emplois, chiffre par ailleurs en contradiction totale avec le récent déclin du nombre d’employés.
Eh oui, en statistique, emplois et employés peuvent être distincts. La mesure du nombre des employés se base sur un formulaire qui est envoyé aux foyers et qui permet de recenser le nombre de gens ayant un emploi. En général, si vous êtes chômeur, désoeuvré et mécontent, vous ne manquez pas de remplir ce formulaire qui vous donne une occasion de vous manifester et d’exister. Les derniers chiffres collectés montrent que le nombre d’employés a décru en juillet de 159 000 personnes, après un déclin de 301 000 personnes en juin.
Le biais des chômeurs découragés permet de faire disparaître les individus trop gênants
Il s’agit là d’une astuce mise en oeuvre par Clinton. Vous êtes chômeur, mais usé par de vaines recherches, vous arrêtez toute démarche. Vous disparaissez alors purement et simplement des statistiques.
Si vous voulez décrypter correctement les chiffres américains et prévoir avant les médias le sens des révisions futures, je vous conseille vivement le site Shadow Government Statistics (www.shadowstats.com) tenu par John Williams et son équipe.
Que nous dit la démographie ?
Oubliez un moment les statistiques et voyons les données démographiques de long terme.
En 10 ans, la population en âge adulte a augmenté de 6 millions. En trois ans – depuis le début de la crise des subprime – plus de 7 millions de personnes ont perdu leur emploi. Ces chiffres démographiques prouvent que le chômage a bondi.
Selon Shadowstats, les chiffres du chômage devraient être corrigé de 9,5% à 16,5%, voire même 23,5%.
- La population en âge de travailler est d’un peu moins de 155 millions.
- Moins de 65% de cette population travaille effectivement.
Vous pouvez constater que la situation s’est renversée depuis le début de l’année et que la population employée se remet à diminuer.