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Je fais des efforts pourtant. Je lis avec attention et sans presque soupirer le président de l’Union Syndicale des Magistrats. Je veux y croire. Je veux croire que, contrairement à ce que les policiers ou les gendarmes pensent, ces magistrats ne sabotent pas leur travail pour des raisons idéologiques. Je veux croire qu’il s’agit de droit et seulement de droit.

Mais tel n’est pas le cas.

Et ce n’est pas en agitant grotesquement le dépôt d’une plainte pour outrage à corps constitué qu’ils feront taire quiconque observant leur iniquité.

Qu’on me comprenne bien.

René Galinier, par exemple, a tiré sur ses deux cambrioleuses. Il n’y aucun doute là-dessus. Il  a reconnu d’emblée en être l’auteur et n’a jamais cherché à paraître autrement que comme l’auteur des tirs.

Moncif Ghabour, le deuxième braqueur de Grenoble, lui, nie les faits. Il prétend avoir un alibi. Des témoins en sa faveur. Bref. Comprenez que la présomption d’innocence joue donc pour lui aussi bien dans la forme que dans le fond de l’affaire.

René Galinier est maintenu en détention provisoire alors qu’il présente toutes les garanties. Le second, braqueur, multirécidiviste, est soumis à un simple contrôle judiciaire malgré plusieurs semaines de cavale.

Le premier est maintenu en détention provisoire alors qu’il présente toutes les garanties. Le second, braqueur, multirécidiviste, est soumis à un simple contrôle judiciaire malgré plusieurs semaines de cavale.

(…)

René Galinier, je le redis, est mille fois plus dangereux pour l’État que Moncif Ghabour. Parce qu’il y a cent mille fois plus de René Galinier que de Moncif Ghabour. Que ces René Galinier ne doivent jamais avoir l’impression qu’ils peuvent se passer de l’État pour assurer leur défense. Parce que le jour où ils pourront s’en passer, ce jour-là, l’État ne sera plus qu’un oppresseur fiscal. Une association de voleurs.

Alors il faut matraquer René Galinier. Et les magistrats le font avec d’autant plus de célérité qu’ils sont des agents de l’État et parmi les premiers qui seraient touchés si jamais ils laissaient faire. D’où la déclaration, absurde théoriquement, du procureur expliquant dans l’affaire Galinier qu’on ne saurait accepter qu’un homme se fasse justice tout seul. Cette déclaration n’a de sens que si on comprend que le magistrat est un représentant de l’État assurant avant toute chose la pérennité de celui-ci.

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