Trois mois après avoir voté, les Pays-Bas et la Belgique attendent le programme et la constitution d’un gouvernement, quitte à recourir à «d’improbables coalitions». Un scénario qui inquiète Le Monde.
A Bruxelles, les tourments ont commencé dès 2007. Le chrétien-démocrate flamand Yves Leterme a légitimé le message des indépendantistes flamands, auxquels il s’était associé. Mais, comme son parti, il a été dévoré par cette Nouvelle Alliance flamande, qui, grâce à lui, a pu faire prospérer l’idée d’une Flandre autonome, délivrée du «boulet» wallon et susceptible d’accaparer Bruxelles. La confusion est telle, aujourd’hui, en Belgique que le scénario de la partition n’est plus irréaliste.
Les Pays-Bas ont beau s’épargner les querelles linguistiques, leur situation n’est pas plus reluisante. Deux partis traditionnels – les chrétiens-démocrates et les libéraux – ont tenté de négocier un pacte du diable avec l’extrême droite du député Geert Wilders, boutefeu islamophobe. En échange du soutien des populistes à leur coalition minoritaire et à leur programme de rigueur, les deux partis s’engageaient à accepter une politique vigoureuse à l’égard des immigrés. M. Wilders a fait s’effondrer ce château de cartes en critiquant le manque de crédibilité des chrétiens-démocrates.
Au-delà de leurs dissemblances, les deux Etats du Nord, longtemps cités en exemple pour leur art du compromis, souffrent de maux similaires. De la montée d’un populisme égoïste et parfois anti-européen. Du désaveu de l’opinion à l’égard de systèmes politiques à bout de souffle. Et d’un éparpillement de l’électorat, que favorise le système de représentation proportionnelle, augmenté, en Belgique, d’une obligation de se rendre aux urnes qui encourage le vote «ras-le-bol».