Dounia Bouzar, est anthropologue du fait religieux, directrice du cabinet Cultes et Cultures Consulting. Elle souhaite l’instauration d’une réelle «diversité alimentaire» et l’élaboration de «plats communs» réalisés à partir de poisson ou d’oeufs, qui pourraient être partagés par tous.
La laïcité est un système juridique instauré pour que les Français puissent tous ensemble avoir un destin commun, avec leurs identités multiples, variées, qui peuvent d’ailleurs évoluer.”
Ma liberté de conscience s’arrête où commence la tienne… Belle maxime qui pose les bases de notre système français de laïcité. Mais parfois plus facile à dire qu’à faire ! Plus il y a de diversité, plus c’est délicat à gérer !
Actuellement, loin de cette devise, c’est le rapport de force qui l’emporte : pendant longtemps, les citoyens de confession musulmane étaient sommés de boire un verre d’alcool pour prouver qu’ils étaient «modernes» et devenaient les premiers consommateurs de poisson dès qu’ils se restauraient à l’extérieur de chez eux, faute de trouver de la viande halal pour ceux qui en souhaitaient. Aujourd’hui, les Quick halal plantent leur pavillon, imposant à la totalité de leur clientèle de manger de la viande ritualisée.
On retrouve ce rapport de force dans bien des secteurs : tel salarié au sein d’une équipe de collègues qui ne supportent pas la religion se voit harcelé lorsqu’il observe le ramadan… Tel salarié au sein d’une équipe de musulmans pratiquants se voit harcelé parce qu’il comptait bien boire son café au bureau sans se cacher, comme d’habitude… Tel service éducatif finit par commander toute sa viande halal, après avoir menti pendant des années sur le porc qu’il mettait dans les boulettes… Même sur Facebook, les affrontements s’organisent entre “apéro pinard et saucisson” et “apéro halal” ! […]