L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a revu lundi en forte baisse ses prévisions de croissance économique pour les États-Unis et a jugé que la priorité budgétaire du pays devait être une suppression progressive des réductions d’impôts.
La croissance du PIB américain devrait atteindre 1,5% en 2010, et 2,3% en 2011, indique l’OCDE dans son rapport semestriel sur l’économie américaine.
La prévision de l’OCDE est difficilement comparable à celle du gouvernement américain (+3,2% en 2010, +3,6% en 2011) dans la mesure où sa base de calcul est différente.
L’OCDE estime ainsi que le PIB américain a reculé de 1,2% en 2009, quand celui-ci s’est contracté officiellement de 2,6% cette année-là.
Cela marque une révision en forte baisse des perspectives de croissance de la première économie mondiale puisque l’OCDE tablait en mai sur une croissance de 3,2% par an pour ces deux années-là. L’Organisation note que les États-Unis sont sortis de la récession “avec un fort déficit budgétaire et une dette publique en hausse“.
Publiée fin juillet, la prévision de croissance du gouvernement est trop optimiste. Celui-ci l’avait reconnu à l’époque en indiquant qu’elle avait été élaborée à partir de données collectées avant le ralentissement économique, noté depuis le début de l’été.
Selon l’OCDE, la “reprise économique progresse” et “la politique monétaire devrait rester accommodante pour soutenir l’économie alors qu’on assiste à un resserrement de la politique budgétaire“.
La banque centrale américaine (Fed) doit se réunir mardi pour décider de sa ligne de politique monétaire. Celle-ci devrait déboucher sur un maintien du taux directeur quasi nul en vigueur depuis la mi-décembre 2008.
Les analystes estiment que les dirigeants de la Fed devraient discuter des mesures de soutien supplémentaires qu’il conviendrait de mettre en place au cas où la reprise viendrait à caler, mais qu’ils ne devraient rien annoncer. Pour ramener le pays à la viabilité budgétaire, “le contrôle des dépenses ne devrait pas être suffisant, donc les impôts devront également augmenter“, indique l’étude.
Le gouvernement américain s’est engagé à ramener le déficit budgétaire de 10% environ en 2010 aux alentours de 3% en 2015, ce qui aurait pour effet, écrit l’OCDE, “de stabiliser le ratio de la dette au PIB à un niveau deux fois supérieur à celui d’avant la crise”.
Il faudra donc prendre “des mesures de consolidation budgétaire supplémentaires après 2015“, et, dans cette optique, “augmenter la base budgétaire en supprimant progressivement les réductions d’impôts qui la déforment, devrait être la première priorité du gouvernement“, ajoute l’OCDE.
L’étude fait référence aux réductions d’impôts accordées par le gouvernement du président George W. Bush (au pouvoir de 2001 à 2009). Celles-ci sont au coeur du débat électoral en prévision des législatives de novembre, alors que le gouvernement veut supprimer celles bénéficiant aux 2% des Américains les plus riches, les autres se renouvelant d’elles-mêmes, par défaut. L’étude de l’OCDE relève que la suppression progressive des baisses d’impôts devrait permettre d’amortir les “effets négatifs” que la disparition de “ces incitations économiques” risque d’avoir sur la croissance.