Le professeur turc Ekmeleddin Ihsanoglu, 66 ans, est le secrétaire général de l’Organisation de la conférence islamique, une institution qui regroupe 57 pays et qui a rang d’observateur permanent à l’ONU. Il est spécialiste de l’histoire des sciences. Interview dans Le Monde.
“L’islamophobie est un concept erroné. Les gens n’ont rien à craindre de l’islam. Ce n’est une menace pour personne ni pour aucune civilisation. L’islam a contribué au progrès de l’humanité. Il est, tel que je le comprends, compatible avec la vie moderne, avec la démocratie. (…)
C’est très préoccupant. Les électeurs se déterminent dans le processus politique sur des sujets qu’ils connaissent peu et sont influencés par des opinions partiales et des images déformées. Nous nous dirigeons vers un paradigme qui ressemble à l’antisémitisme des années 1930. Un nouveau paradigme anti-islam où le radicalisme va jusqu’à profaner des tombes. C’est difficile à comprendre. (…)
Prenez les caricatures du prophète Mahomet. Je suis désolé mais c’était des caricatures barbares. Vous pouvez être croyant ou non, apprécier ou non. Mais vous devez respecter les symboles des autres. Certains symboles doivent être respectés : le drapeau national des pays, les chefs d’Etat. Il y a des lignes rouges. On aime ou on n’aime pas, chacun fait son choix, mais c’est là où s’arrête votre liberté : on ne doit pas propager la haine contre les autres. (…)
L’Europe est en train de devenir une terre d’interdits, plus une terre de liberté. Vous n’aimez pas les minarets ? Vous interdisez. Vous n’aimez pas les burqas ? Interdites ! Je ne défends pas la burqa, mais je m’interroge : quoi, après ?”