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CHERBOURG — Les 20 demandeurs d’asile qui vivaient dans un campement de fortune incendié près de Cherbourg vont finalement obtenir un hébergement, mais leur situation illustre le manque criant de places d’accueil pour ces immigrés, dénoncé par les associations et le Conseil de l’Europe.

“J’ai l’impression d’avoir retrouvé la République”, a commenté Pascal Besuelle de l’association cherbourgeoise d’aide aux migrants Itinérance, mais “il a fallu un drame pour que le droit soit appliqué”, regrette-t-il. Le campement de ces demandeurs d’asile avait été détruit par un incendie “visiblement volontaire” à Cherbourg le 12 septembre, sans faire de victimes. Finalement, les demandeurs d’asile se sont vu proposer des hébergements à Senlis (Oise) pour 17 d’entre eux, les trois autres étant aiguillés vers Alençon, le Havre et Metz. En principe, la loi du 10 décembre 2003 garantit l’hébergement des demandeurs d’asile en France, conformément à une directive européenne. Mais “au moins 15.000 d’entre eux sont en attente d’un hébergement car les centres d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) sont totalement saturés”, affirme le directeur général de France Terre d’Asile Pierre Henry.

“L’Etat laisse se développer des situations inacceptables, n’agit que sous la pression lorsque cela devient trop visible, ce qui lui coûte plus cher que s’il s’attaquait globalement à cette crise”, ajoute le directeur général de l’association qui gère 32 des 271 Cada en France. En juillet l’Etat avait aussi mobilisé en urgence 170 places d’hébergement pour accueillir plusieurs dizaines de personnes, majoritairement demandeuses d’asile expulsées d’un squatt au bord du canal Saint-Martin à Paris, selon la mairie. “De plus en plus fréquemment les tribunaux sont saisis, l’Etat est condamné sous peine d’astreintes financières à trouver des logements aux demandeurs”, ajoute M. Henry, comme à Bordeaux mi-juillet où le tribunal administratif a donné raison à 5 familles demandeuses d’asile.

Mardi, le conseil de l’Europe a critiqué la France pour le sort qu’elle réserve aux demandeurs d’asile. Ceux-ci continuent “à être hébergés dans des conditions indignes ou précaires”, selon le commissaire aux droits de l’Homme du conseil de l’Europe, Thomas Hammarberg dans une lettre aux autorités françaises rendue publique mardi. M. Hammarberg pointe aussi “l’insuffisance du nombre de places” dans les centres d’accueil pour demandeurs d’asile. “Il y a eu en gros 40.000 demandes d’asile en 2009 mais 12.000 admissions en Cada. Avec des procédures de 19 mois en moyenne, il y a saturation”, précise M. Henry.

Selon le ministère de l’Immigration, la France compte au total 21.500 places en Cada, dont plus de 10.000 créees entre 2002 et 2008 et 1.000 encore au 1er juillet 2010. Mais la Cour des comptes a elle même estimé en février 2009 “peu probable” que cela suffise. D’autant que le nombre de demandes d’asile est reparti à la hausse depuis la fin 2008. “La situation va se dégrader encore car le budget des Cada doit baisser en 2011 et celui de l’hébergement d’urgence (l’hôtel avant le Cada) recule déjà”, affirme M. Henry. Pour Gérard Sadik de la Cimade, une des pistes serait aussi de permettre aux demandeurs d’asile de travailler afin qu’ils aient les moyens se loger.

AFP – Google

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