Pour Respect Mag,, “le mag’ urbain, social et métissé” , l’hebdomadaire de gauche branchouille “les Inrocks” est trop blanc…
Tribune de Marc Cheb Sun, directeur de la rédaction de “Respect Magazine”
Bon… Toujours curieux de presse, d’actu (et de musique), je suis évidemment preneur. Donc j’achète. Premier coup d’œil, deuxième, troisième… Pris d’un fort pressentiment postlecture, je me mets… à compter. Déviance ? Obsession? Hantise des quotas? Ou juste l’envie de voir, et de lire, d’avoir un mag en phase avec les visages, les talents, l’actu de notre monde : (notamment) urbain (quand même) social et (largement) métissé. Euh ? Je me trompe de mag ? Non, car pas la volonté d’être l’exception confirmant la triste règle, ni l’angoisse d’une concurrence aux moyens décuplés, non, rien de tout ça. Au contraire, l’envie de voir que ça bouge autour de nous, que ça progresse, que ça…
Bon, back to the french reality. Dans Les Inrocks (nouvelle formule), sur 164 pages, on trouve généreusement 3 Noirs en photo. (…) Côté Maghrébins, on a plus de chance (à voir) ! Avec une double page jonchée de (deux) photos de rebeus, l’un mort, l’autre braqueur, c’est pour le reportage « Grenoble entre deux feus » : « D’un côté les cow-boys de l’État, de l’autre les caïds de la cité… » (suite pour ceux qui veulent, page 54).
N’empêche, lorsque sur 134 noms cités (rédaction, régie pub, édition etc), aucun n’a de consonance afro-maghrébine, (…) on n’est pas très bien parti.
Parti dans ma frénésie de comptage, je me précipite sur l’Ours (le générique des journaux). Alors, bien sûr, on me dira (avec raison) qu’aujourd’hui des visages colorés se cachent parfois derrière des noms totalement « francisés ». Tant mieux si c’est le cas. N’empêche, lorsque sur 134 noms cités (rédaction, régie pub, édition etc), aucun n’a de consonance afro-maghrébine, qu’un seul (poste : comptabilité) manifeste une ambiguïté d’origine, et qu’on trouve un seul nom asiatique (au secrétariat de rédaction), c’est qu’a priori, on n’est pas très bien parti.
La couv’ titre « Brésil : le pays où la Gauche a réussi ». Sous-titre proposé : « France : le pays où la Presse reste blanche » ? Restons optimiste, c’est la rentrée. Après ce bel (?) été, tout reste possible. Yes, we can disait-on, il y a peu de temps…