Dans un entretien au Monde, Edouard Balladur justifie l’offensive sécuritaire de Nicolas Sarkozy et son récent bras de fer avec la Commission européenne sur les Roms. Pour l’ancien premier ministre, “l’Europe à 27 est vouée à l’échec”, notamment à cause de l’écart des régimes sociaux entre les Etats membres. Son constat d’une Europe qui ne marche plus rejoint celui d’une France en déclin.
Comment trouvez-vous le climat politique ?
Malsain. Je suis frappé par la violence verbale. Il est urgent que chacun retrouve son calme.(…)
N’est-ce pas Nicolas Sarkozy lui-même qui a mis la société sous tension avec son discours de Grenoble sur la sécurité, la chasse aux Roms, le conflit avec la Commission européenne ?
Ce n’est pas mettre la société sous tension que de la placer devant les réalités. La sécurité, la libre circulation en Europe, l’immigration clandestine, sont des problèmes essentiels qu’on ne peut éluder sous prétexte qu’il faudrait laisser l’opinion publique en repos, d’autant qu’elle ne l’est pas, et que les Français sont bien conscients de ce qui est en cause… Nos partenaires devraient être appelées à la lucidité. L’Europe à 27 est vouée à la confusion à et l’échec. Elle souffre de défauts que le traité de Lisbonne n’a pas corrigés… Que faire ? Revenir sur le principe de la libre circulation, ériger de nouvelles barrières ?
Il faut discuter d’un meilleur contrôle aux frontières de l’Union ; à l’intérieur, je ne vois pas comment la liberté totale de circulation pourra entrer en vigueur en 2013. C’est un problème que la divergence des régimes sociaux et juridiques rend difficile à résoudre rapidement. En attendant, la sagesse commande de repousser tout élargissement de l’Europe à 27 comme de la zone euro.