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Fouad Bahri, journaliste, écrivain est également «observateur du fait religieux musulman». Après son article intitulé Pièges républicains, il poursuit sa réflexion sur «l’identité des jeunes musulmans» de France et «l’exigence d’égalité» qui ne pourra trouver sa pleine expression que sur «les cendres de l’ancien temps».

” Et rien n’est plus fertile qu’une terre brûlée.”

(…) L’émergence, depuis les années 1980 jusqu’à nos jours, d’une discrimination de masse restera l’épine principale à retirer du pied national. Pour ce faire, il faut évaluer les justes causes de ce phénomène.

Nous en citerons deux. La politique urbaine menée pendant quarante ans, visant à circonscrire la population immigrée et ses enfants, des lieux centraux de la vie sociale, économique et politique. (…)

Mais cela est insuffisant. La meilleure garantie, la plus sûre prévention contre l’exclusion économique de masse, dont souffrent encore et toujours ces Français récents, piégés dans une schizophrénie sociale, ne sera possible qu’avec une réelle égalité de droits et de devoirs, un égalitarisme fondamental, qui relève, pour l’instant, de l’utopie.

Cette exigence d’égalité ne sera elle-même possible qu’à une condition : l’accomplissement d’une refondation républicaine, d’un nationalisme des valeurs, construit sur les cendres de l’ancien temps, sur toutes ces cicatrices intimes qu’une lave démagogique, brûlante et rougeoyante, a sillonné. Et rien n’est plus fertile qu’une terre brûlée.

Cette refondation ne peut pas être seulement politique. Elle sera de nature civilisationnelle et englobera la question morale, culturelle et spirituelle de ce pays. L’ancien paradigme national de la France a vécu. Il ne peut en aucune manière être la solution d’une crise dont il endosse largement la responsabilité.

Une déconstruction radicale du patrimoine moral, héritage symbolique des Lumières et de la Révolution, sera tout aussi nécessaire. La France n’est pas plus le pays des droits de l’homme qu’elle n’est le sanctuaire du fascisme. Elle n’est qu’une terre des hommes.

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