Peu importe quand — dans un, trois, cinq, sept ou dix ans — les marchés émergents battront à plate couture leurs homologues des pays développés.
« On a beaucoup écrit sur le sujet des marchés émergents contre les marchés submergés, a noté Joel Bowman, et à raison ». Selon le stratégiste de Goldman Sachs, Timothy Moe, la valeur de marché des actions des marchés émergents va quintupler au cours des deux prochaines décennies, pour atteindre les 80 000 milliards de dollars d’ici 2030. La Chine aura d’ici là pris la place des États-Unis sur la première marche du podium, et sera devenu le marché le plus puissant du monde.
« Comment les marchés émergents peuvent-ils atteindre des taux de croissance aussi solides ? » s’est demandé Joel à voix haute. « Ils travaillent. Qui plus est, ils font dans le productif — ils fabriquent des automobiles, des brosses à dents et des ponceuses à courroie — contrairement à ce que les pays occidentaux considèrent comme de la productivité — compter les gens, rédiger des lois et fouiller les grands-mères dans les aéroports ».Une telle divergence de productivité fait bien évidemment la joie de M. le Marché.
Au cours de la dernière décennie, l’indice MSCI des marchés émergents a plus que doublé. Au cours de la même période, l’indice MSCI des pays développés a chuté de presque 21%.
Cette tendance inquiétante (pour les pays développés) s’exprime pleinement sous des formes qui ne surprennent personne :
“Il est clair que les marchés émergents ont le vent dans le dos“, conclut Joel. “Les initiatives capitalistes tumultueuses et violentes qui colorent le paysage économique des pays émergents nous ramènent à la bonne vieille époque des pays développés ; quand les tentatives entrepreneuriales étaient récompensées par le marché, plutôt que punies par l’État, quand les bénéfices étaient un objectif auquel on pouvait honnêtement prétendre, et pas un gros mot ornant la banderole de manifestants qui ont des comptes à régler“.