Traduction d’un interview de BHL dans le journal espagnol ABC (19/09/10)
“La voix du Pape était extrêmement importante. Nous sommes très injustes avec ce Pape. Je ne suis pas catholique, mais je crois qu’il y a des préjugés. Par dessus tout un anticatholicisme primaire qui prend des proportions énormes en Europe. En France, on parle beaucoup des profanations des cimetières juifs et musulmans, mais personne ne sait que les tombes des catholiques sont aussi profanées régulièrement.
Il existe une sorte d’anticléricalisme en France qui n’est pas sain dans l’absolu. Nous avons le droit de critiquer les religions, mais la religion la plus attaquée aujourd’hui c’est la religion catholique. (…) Beaucoup plus que l’islam. Sur le terrain intellectuel les musulmans se défendent. Les catholiques, beaucoup moins.”
– En Espagne il y a eu une importante controverse à propos d’une discothèque nommée “La Mecque” dont l’apparence rappelait celle d’une mosquée. Les propriétaires vont changer le nom du fait de la réaction de djihadistes qui ont appelé à la lutte. Quelles conséquences tirer de cette décision ?
– C’est une défaite. C’est facile de ma part de le dire, étant français et n’étant pas propriétaire de la discothèque, je l’admets, mais ce n’est pas une victoire du courage ni de l’esprit de résistance, c’est le triomphe du fanatisme et de la stupidité.
– Etes-vous favorable à la construction de la mosquée près de Ground Zero à Manhattan ?
– Totalement. Pour deux raisons : la première, parce que les Etats-Unis c’est cela. Le fondement des Etats-Unis, la raison pour laquelle ont été inventées la liberté de culte et de construire des lieux de cultes. La seconde est que, contrairement à ce que pensent beaucoup d’Américains, ce centre culturel et religieux est à deux pâtés de maisons de Ground Zero. La construire est une défaite du djihadisme et non une victoire.
– Que pensez-vous de la menace de brûler des exemplaires du Coran qui a été proférée par quelques fanatiques ?
– C’est monstrueux. Seuls les fascistes brûlent des livres. Jamais on ne devrait brûler un livre, quel qu’il soit. Encore moins quand il s’agit d’un livre d’une transcendance comme celle du Coran ou celle de l’Ancien et du Nouveau Testament. Quand les musulmans ont brûlé le livre de Salman Rushdie à Londres, j’ai été des premiers à protester. Quand certains chrétiens brûlent le Coran, je fais exactement de même. (…)
ABC (19/09/10)
(merci à Gustave pour la traduction)