Henri Joseph Eugène Gouraud (1867 – 1946) fut l’un des généraux français les plus populaires de l’entre-deux-guerres. Pour ses exploits en Afrique, mais surtout pour son action durant la Première Guerre, le peuple de Paris et les Anciens Combattants lui témoignèrent une véritable vénération.
Né à Paris en 1867 dans un famille catholique d’origine vendéenne, Henri Gouraud reçoit une éducation marquée par la foi, la discipline et le sens du devoir. Sa vocation militaire s’éveille avec l’occupation qui suit la défaite de 1870. Passionné d’Histoire et de Géographie, il est aussi attiré très tôt par l’aventure coloniale française. Après trois années passées à Montbéliard (21ème Bataillon de Chasseurs), le jeune lieutenant traverse la Méditerranée pour participer aux débuts de l’Afrique Occidentale Française (A.O.F).
Tout d’abord affecté au Soudan (actuel Mali) puis au sud Niger, Gouraud y acquiert l’expérience du combat; il s’y révèle comme un chef de guerre efficace et heureux ; il s’y forme comme un administrateur ; il y connaît la gloire. En 1898, il fait prisonnier le chef de guerre Samory qui tentait d’établir un empire musulman en Afrique de l’ouest. Cette victoire lui vaut une certaine renommée en métropole. En 1907, promu Colonel, Gouraud est nommé Commissaire du Gouvernement Général en Mauritanie où il mène une campagne contre les guerriers pratiquant des razzia dans la région. De 1911 à 1914, c’est au Maroc qu’il se distingue en menant des combats contre des tribus rebelles et en sauvant la ville de Fez.
Lorsque la guerre éclate, Gouraud rejoint la métropole à la tête de la 4e brigade marocaine. Nommé Général de Division, il commande ensuite la Dixième Division d’Infanterie. En 1915, il a l’épaule traversée par une balle en allant visiter des unités en ligne; il refuse de se faire évacuer. Cette même année, il est nommé au commandement du Corps Expéditionnaire Français aux Dardanelles où les troupes de l’Entente livrent bataille à l’armée turque. Gravement blessé par l’explosion d’un obus, il est amputé d’un bras.
Mais dès 1916, on le retrouve sur le front français, préparant les troupes pour les combats à venir. Par des visites dans les tranchées et dans les camps d’instructions, il rencontre soldats et officiers et leur communique sa foi. Lors des grandes offensives allemandes de 1918, Gouraud met en oeuvre une parade imaginée par le Général Pétain et, le 15 juillet, repousse l’assaut de l’infanterie ennemie. Trois jours plus tard, ce sont les Français qui reprennent l’offensive, jusqu’à la victoire. Le 22 novembre 1918, le Général Gouraud entre dans Strasbourg : la population fait un accueil délirant au premier général français qu’elle voit depuis près de cinquante ans.
Après-guerre, le Général Gouraud est envoyé en mission en Syrie et au Liban avant de prendre, en 1923, possession du gouvernement militaire de Paris. Son prestige est alors immense dans la Capitale dont le peuple l’acclame lorsqu’il apparaît, monté sur son cheval gris, pour les défilés du 11 novembre et du 14 juillet. En souvenir des morts de la Grande Guerre, il crée l’Association du Souvenir aux Morts des Armées de Champagne et la Fondation de Monument aux Morts des Armées de Champagne et Ossuaire de Navarin.
Conformément à ses dernières volontés, le général Gouraud est inhumé, en 1946, dans la crypte du Monument-Ossuaire de Navarin (Marne) “au milieu des soldats qu’il a tant aimés“.