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Alors que le dollar poursuit sa baisse sur les marchés, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a mis en garde mercredi les pays tentés par l’utilisation de la faiblesse de leur monnaie comme arme économique, en expliquant qu’une telle politique pourrait compromettre la reprise économique.

Décideurs et investisseurs s’attendent à ce que la Réserve fédérale américaine annonce avant la fin de l’année de nouvelles mesures de soutien à l’économie qui pourraient affaiblir le dollar. Parallèlement, la Chine a poliment refusé ces derniers jours de laisser sa monnaie, le yuan, s’apprécier plus rapidement.

Les changes seront donc en tête de l’ordre du jour de la réunion informelle des ministres des Finances du G-7 vendredi à Washington, en marge des assemblées générales du FMI et de la Banque mondiale.

Mais rares sont ceux qui espèrent que des mesures concrètes déboucheront des discussions dans la capitale américaine.

Le dollar amplifiait son recul mercredi, inscrivant un plus bas de huit mois et demi face à un panier de référence composé de six autres grandes devises et touchant un nouveau plus bas de 15 ans face au yen.

Cette tendance, observée depuis plusieurs semaines, a déjà poussé le mois dernier la Banque du Japon à intervenir sur les marchés en achetant des dollars pour faire baisser le yen, dont l’appréciation continue pénalise les exportateurs nippons. La Banque du Japon a accéléré le mouvement mardi en ramenant son principal taux à zéro.

Et certains pays émergents, comme la Corée du Sud ou le Brésil, ont emboîté le pas au Japon ou menacent de le faire, par des voies différentes.

« Il y a clairement l’idée qui commence à circuler selon laquelle les changes peuvent être utilisés comme une arme de politique (économique) », a déclaré Dominique Strauss-Kahn dans un entretien au Financial Times.

« Mise en pratique, une telle idée constituerait un risque très grave pour la reprise mondiale (…) Toute approche semblable aurait un effet défavorable et particulièrement dommageable sur le long terme », a-t-il ajouté.

Mais pour Brendan Brown, économiste de Mitsubishi UFJ Securities International à Londres, il est peu probable que le FMI, dont les Etats-Unis sont le principal contributeur, tente d’empêcher la Fed d’assouplir sa politique monétaire, donc de faire encore baisser le billet vert.

« Cette institution de Washington a échoué dans sa mission fondamentale consistant à empêcher la guerre des changes », juge-t-il dans une note de recherche.

Mardi, plusieurs dirigeants de l’Union européenne ont appelé le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, a favoriser une appréciation plus rapide du yuan, appel accueilli par un refus poli mais sans ambiguïté, Pékin s’en tenant à sa position d’une recherche de la « stabilité » des changes.

Les devises sont depuis des années déjà au coeur des débats sur les déséquilibres économiques mondiaux, dont les sujets récurrents sont, outre la prédominance du dollar, la sous-évaluation du yuan et la faiblesse de la consommation intérieure en Allemagne.

Le débat s’est toutefois élargi récemment, un nombre croissant de pays développés et émergents ayant adopté des mesures censées freiner la hausse de leur monnaie.

Le Brésil, évoquant une « guerre internationale des monnaies », a ainsi doublé lundi la taxation des achats d’obligations d’Etat par les investisseurs étrangers, dans le but de freiner les flux de capitaux vers ses marchés, qui font monter sa monnaie, le real.

La Corée du Sud, elle, menace désormais de restreindre les transactions à terme ; et l’Inde et la Thaïlande envisagent ouvertement des mesures anti-spéculatives.

« Il est naturel, dans ce contexte, qu’ils disent : nous ne pouvons pas laisser nos taux de change s’apprécier et détruire nos exportations », a estimé l’économiste Joseph Stiglitz, lauréat du prix Nobel, lors d’une conférence mardi à la Columbia University, qui juge que les Etats-Unis créent le « chaos » dans le reste du monde.

L’euro s’est apprécié de 7,6% face au dollar en septembre, une envolée favorisée par les spéculations sur l’adoption prochaine, aux Etats-Unis, de nouvelles mesures d’« assouplissement quantitatif ».

Cette expression recouvre principalement des achats d’actifs financiers, principalement des obligations, par la banque centrale afin de fournir des liquidités supplémentaires au système financier et donc de favoriser le crédit, sans toucher aux taux d’intérêt, déjà quasi-nuls aux Etats-Unis.

Reuters

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