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Par James Turk

Bien que le prix de l’or n’ait cesse de grimper ces dix dernières années, il y a peu de temps que sa remarquable ascension est désormais décrite comme étant une “bulle”. Ce terme a été utilisé pour la première fois de façon alors perçue comme péjorative par le financier George Soros, avant que l’on découvre non sans un certain étonnement qu’il avait lui-même réalisé de très importants investissements en or.

Brent Arends dans le Wall Street s’étonne sur l’or et cherche à savoir s’il s’agit ou non de la “prochaine bulle”, et même Barron’s s’interroge pour savoir si “la bulle sur l’or pourrait continuer de gonfler”.

Tout le monde peut s’instruire sur les bulles dans l’histoire de la finance, mais de nos jours il n’y a nul besoin de se rendre à la bibliothèque pour avoir de l’information. Nous avons tous été les témoins de la bulle sur l’Internet, ou encore plus récemment de celle sur l’immobilier. En jetant un oeil à ces événements, nous pouvons nous rendre compte que le terme de bulle est utilise pour décrire l’ascension rapide et durable du prix d’un bien, alimentée par la spéculation naissant de la confiance que l’on a en ce bien sur le long-terme. Ce n’est cependant pas le seul trait caractéristique important d’une bulle, bien qu’étant le plus reconnu. Il faut en effet savoir que le prix d’un bien peut atteindre des sommets bien plus élèves que sa valeur réelle. Lorsque ce sommet est atteint, le prix du bien chute littéralement – rapidement et violemment, comme une bulle qui éclate.

Cette chute rapide et violente peut-elle aussi se produire dans le cas de l’or? Non, pour la bonne et simple raison que l’un des ingrédients principaux de cette chute est manquant dans le cas de l’or. Même si le prix de l’or a quadruplé ces dix dernières années, il est cependant toujours très en deçà de sa valeur réelle, ce qu’il fait qu’il manque un élément essentiel à la bulle.

Les articles auxquels je fais référence ci-dessus font uniquement mention du prix de l’or, sans se soucier de sa valeur réelle.

Même si l’on confond souvent les termes “prix” et “valeur” pour décrire la vision que l’on porte sur l’intérêt économique d’un actif, ces deux termes bien loin d’être synonymes. Le prix est l’étiquette que l’on colle sur un bien lorsque l’on intervient sur le marché. La valeur, quant à elle, représente l’idée que chaque individu se fait de l’utilité d’un bien; et c’est la que la plupart des gens échouent dans leur tentative à comprendre l’or. Ils ne parviennent pas à comprendre d’où vient cette valeur or. L’utilité de l’or ne se comprend qu’en assimilant ces deux termes clés.

Dans un premier lieu, l’or est utile en termes de calcul économique. Pour formuler cela autrement, je dirai qu’il procure un moyen effectif de déterminer le prix d’un bien ou d’un service sur le long-terme, ce qui aussi est la fonction principale de toute monnaie. Pour vous donner un exemple, le prix en or d’un baril de pétrole est resté identique ces 50 dernières années, si on exclut quelques fluctuations de courte durée, puisqu’il est encore aujourd’hui d’environ 2 grammes d’or, comme il l’était à il y a 50 ans.

Dans un second temps, et parce que c’est un actif tangible, l’or n’a pas de risque de contrepartie. Quand vous possédez de l’or, votre richesse ne dépend pas des promesses que vous font les politiciens et les banquiers. L’or et l’argent sont les seules monnaies qui soient des actifs réels, pas des promesses fiduciaires ou du crédit. Dans l’environnement économique incertain dans lequel nous vivons, quand le crédit que l’on accorde aux établissements financiers ou aux gouvernements se réduit comme peau de chagrin, la diminution du risque de contrepartie devient un élément essentiel dans la gestion, et la préservation, de ses actifs. Sans compter que l’état des finances gouvernementales se précarisant tout autour du globe et la somme des dettes augmentant sans fin, la valeur de la monnaie-papier ainsi que la solvabilité des banques la possédant pourraient se trouver de plus en plus remises en question.

En conséquence, il est essentiel de bien discerner la différence entre prix de l’or et valeur de l’or. Et clairement, comparé à sa valeur et aux problèmes mentionnés ci-dessus, le prix de l’or n’est pas surévalué.

Si vous préférez placer vos liquidités de manière sure, afin de préserver votre pouvoir d’achat sur le long-terme et d’éviter de courir quelque risque de contrepartie, alors il est bon d’acquérir de l’or et de le préserver jusqu’à ce qu’il soit surévalue. Et nous avons encore bien du temps devant nous avant de voir arriver cette surévaluation. Cela dit, comment pourrons nous savoir que le prix de l’or a atteint son niveau maximum ?

La plupart des gens s’interrogent sur le moment le plus opportun de vendre leur or. Ils en ont une vision clairement rétrospective, espérant voir réapparaître un pic du prix de l’or comme celui que l’on a connu en janvier 1980. A mon sens, la véritable question est d’attendre le moment où il ne faudra plus vendre son or, mais tout simplement le dépenser. A cette date, l’or sera de nouveau accepté à grande échelle comme monnaie et permettra d’acquérir des biens de consommation ou d’épargner.

En d’autres termes, quand l’or reprendra sa place légitime au centre du commerce global – place qu’il a occupé des milliers d’années durant jusqu’il y a quelques décennies – alors le pouvoir d’achat de l’or sera à son apogée.

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