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Peter Diamond, Dale Mortensen et Christopher Pissarides ont expliqué pourquoi le chômage ne peut pas disparaître.

Après avoir récompensé Paul Krugman en 2008 puis Elinor Ostrom, la première femme de son histoire, l’an dernier, le Comité Nobel a primé lundi en économie trois spécialistes du marché de l’emploi. Les Américains Peter Diamond et Dale Mortensen ainsi que le Britannico-Chypriote Christopher Pissarides sont les premiers à avoir décrit le fonctionnement du marché du travail et ses inefficacités. «Au-delà de l’emploi, ils ont ouvert des domaines entiers de recherches», commente le professeur d’économie George Sheldon, de l’Université de Bâle.

Jusqu’à leurs travaux, entrepris dès les années 1960, la théorie économique classique postulait que le taux de chômage devait être inexistant dans un monde idéal, la demande de travail devant correspondre parfaitement à l’offre.

«Ils ont expliqué pourquoi le jeune diplômé doit lui-même rechercher son premier job», résume Rafael Lalive, professeur d’économie à l’Université de Lausanne.

Peter Diamond, professeur au MIT à Boston, a établi que la recherche du prix optimal d’un bien ou d’un service ne s’opère pas au travers d’un processus totalement transparent, contrairement à ce que postule la théorie classique, mais par des recherches ponctuelles et des sondages. Plus le temps consacré à la recherche passe, moins les exigences du chercheur sont élevées. C’est ce que l’on a appelé le «paradoxe de Diamond», suite à un article paru en 1971.

Emplois de qualité

Reprenant ces premières conclusions, Dale Mortensen, de la Northwestern University (États-Unis) et Christopher Pissarides, de la London School of Economics, ont étendu ces premières conclusions au marché de l’emploi. Au fil de leurs articles, ils ont décrit combien son fonctionnement dépendait des régimes d’assurance chômage et des législations sur le monde du travail.

Notamment, plus les allocations sont généreuses et les protections contre les licenciements élevés, plus le chômage tend à s’élever. Mais aussi, qu’un système d’assurance de haut niveau incite les employeurs à proposer des emplois de qualité. «Leurs découvertes influencent aujourd’hui les législations sur le chômage», explique Rafael Lalive, jusqu’à un certain point: «Ils n’ont pas établi le niveau optimal d’une prestation de chômage pour fluidifier le marché de l’emploi.» Ce niveau fait l’objet d’études sectorielles, pays par pays.

L’extension au marché de l’immobilier explique en quoi la recherche d’une maison est dictée par le facteur temps: «Si vous avez de longs délais devant vous, vous pouvez être plus exigeant que si vous devez vous reloger demain», résume Rafael Lalive.

Le Temps

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