Damir Skenderovic, est professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Fribourg. Analysant les succès électoraux en Europe des «droites radicales», il affirme que depuis le vote contre les minarets, la Suisse joue un rôle de modèle pour la droite «populiste» en Europe.
” l’extrême droite prend de plus en plus l’allure d’une contre-culture jeune avec ses musiques, ses vêtements, ses symboles.”
Percée du FPÖ à Vienne, entrée de l’extrême droite au parlement suédois en septembre, gouvernement soutenu par Geert Wilders aux Pays-Bas… L’extrême droite est-elle devenue incontournable sur l’échiquier politique européen ?
Si sa présence n’est pas nouvelle, on peut parler d’un élargissement. Récemment encore, les partis de droite populiste étaient tenus à distance. Et puis, à la fin des années 1990, le FPÖ est devenu en Autriche un parti de gouvernement. Ces partis sont de plus en plus des acteurs avec lesquels on considère que l’on peut travailler. En outre, après avoir beaucoup investi depuis des années, ils profitent aujourd’hui d’un savoir-faire acquis, ils ont des services de communication efficaces, ils savent recruter du monde.
On observe par ailleurs un processus d’adaptation du programme des partis de centre droit à l’agenda politique de la droite populiste. L’UMP de Nicolas Sarkozy en France, radicaux et démocrates-chrétiens en Suisse n’hésitent plus à parler immigration ou intégration de manière exclusionniste. Plus important encore, avec l’européanisation des médias, certaines thématiques deviennent transnationales.