La Gare du Nord, première vision de la France pour certains touristes, est jonchée de détritus, de tags et de papiers. Une saleté repoussante, un délitement que ne peuvent que constater les voyageurs en provenance de Londres, d’Anvers ou d’ailleurs… et qui choque le blogueur Philippe Bilger.
(…) J’arrive à la gare du Nord. Je la traverse pour prendre le métro. Je pense à Bruxelles, à Anvers, à Séoul, à Osaka. J’ai honte. Une gare d’une saleté repoussante, on marche sur des papiers, des détritus. Une grisaille, une atmosphère de pays infiniment pauvre. Une désolation.
Une multitude de groupes de toutes origines formant une communauté humaine certes diverse mais dont il est permis de se demander, sans être le moins du monde raciste, si Bernard Stasi tant regretté aujourd’hui avait raison de la considérer comme « une chance pour la France » . On n’en sait rien. La gare du Nord modèle ou risque culturel pour demain ?
Aussi, quel regard autre qu’étonné ou condescendant peuvent bien avoir les étrangers venant de pays développés devant une telle vision, la première de la France pour certains. La gare du Nord n’est pas toute la France de même qu’Anvers est dans les Flandres mais est encore moins toute la Belgique qui, plongée dans des querelles intestines entre flamands et francophones, attend le « clarificateur » décisif (Le Soir).
Il n’empêche que nos lieux se délitent, qu’on perd du terrain, qu’il y a un contraste de plus en plus insupportable entre la conception chauvine, voire vaniteuse de nous-mêmes et la réalité de notre quotidienneté. Entre nos ambitions et la condition de beaucoup. Entre l’âme de la France et son image.
Entre Anvers et la gare du Nord, il y a bien plus que 350 kilomètres : un changement de monde.