A 75 ans, Claude Bébéar (…) président d’honneur de l’assureur Axa – groupe qu’il a créé et dirigé – [et co-auteur de la Charte de la diversité en entreprise], figurait au sein de la commission Attali qui vient de remettre 25 recommandations pour doper la croissance. L’Institut Montaigne, le ” laboratoire d’idées “ qu’il préside, vient de publier un fascicule intitulé ” 15 propositions pour l’emploi des jeunes et des seniors “. Dans un entretien au Monde, il défend la retraite par point, conseille à Nicolas Sarkozy d’adopter un style moins agressif et demande aux entreprises de s’engager pour l’emploi des jeunes. Extraits.
Les Français restent largement hostiles à la réforme des retraites. Comprenez-vous leur résistance ?
A vrai dire non . Il me semble que des évidences démographiques s’imposent. Quand le système de retraite a été créé en 1945, il y avait, pour le financer, quatre actifs pour un retraité et la durée de vie, après la retraite, n’était que de deux ans. Aujourd’hui, on compte moins de deux actifs pour un retraité et la durée de vie après la retraite s’est considérablement allongée. Quelqu’un qui a 67 ans a une durée de vie et donc de retraite identique à celle qu’avait une personne de 60 ans en 1981. Les données démographiques bouleversent tout. C’est simple à comprendre et pourtant la question de l’âge de la retraite est devenue un combat idéologique.
Qu’est- ce qui a coincé ? La méthode ?
Nicolas Sarkozy a voulu aller vite. Il considère que si on ne fait pas les réformes dans un certain laps de temps, on ne les fait jamais. De plus la crise financière a créé une obligation de s’attaquer tout de suite à la réduction des déficits. Nicolas Sarkozy a cru que le dossier des retraites était déjà bien préparé. C’est vrai que le sujet ne date pas d’aujourd’hui.
Il y a trente ans, nous, les assureurs, avions confié à deux jeunes économistes, Denis Kessler et Dominique Strauss-Kahn, une étude sur le financement des retraites. Ils concluaient à la nécessité de créer des fonds de pension. Mais la culture économique reste faible dans notre pays. Il faut prendre le temps d’expliquer.
Et les Français ont une relation très particulière au travail. Ils sont productifs, appréciés comme tels à l’étranger. En même temps ils dénigrent le travail, se disent fatigués, aspirent aux congés, à la retraite. Au Canada, aux Etats-Unis jamais vous n’entendrez un tel discours.
Laurence Parisot estime que les entreprises ne sont pas responsables de la mauvaise insertion des jeunes sur le marché du travail . Partagez-vous son avis ?