Ce livre est un compte rendu chronologique de la semaine de septembre 2008 où les systèmes financiers américain et mondial ont failli vaciller. Lehman Brothers a été mise en faillite pendant qu’AIG était renflouée.
Le livre est un récit détaillé de ce qui est arrivé. On y apprend beaucoup sur l’état de panique du moment chez les décideurs : Henry Paulson, Ben Bernanke et Tim Geithner sont les “héros” du moment. Le lecteur se rend compte à quel point la balle est passée pas loin d’organes vitaux.
Au milieu de pages trépidantes, au bord de l’effondrement, une réunion avec Georges Bush prend l’allure d’un monument de surréalisme. On explique au président qu’il faut des fonds publics pour sauver AIG. Beaucoup d’argent. Réaction en trois temps de Georges :
“Comment en est-on arrivé au point où l’on ne peut pas laisser un établissement faire faillite sans que cela affecte toute l’économie ?“
Puis “Parfois on doit prendre des décisions difficiles. Si vous pensez que cela doit être fait, vous avez ma bénédiction.” Enfin : “Un jour, vous devrez m’expliquer comment nous avons abouti à un tel système.“
Voilà donc un tenant de la dérégulation à outrance qui se demande pourquoi son joujou se casse entre ses mains, sans jamais avoir compris ce qu’il faisait en réalité.
Ce qui est assez drôlatique aussi, c’est l’introduction d’Alain Minc. Il croit voir dans ce récit, notamment, la preuve que Paulson, secrétaire d’état au Trésor et ancien de Goldman Sachs, n’a pas été tenté de laisser tomber Lehman Brothers, concurrent de Goldman, pour préserver AIG, débiteur de Goldman Sachs.
On peut lire en sens inverse que Bank of America aurait pu racheter Lehman mais en a été empêchée parce qu’elle a racheté Merril Lynch, dirigée par un ancien protégé de Paulson chez Goldman. Cela ne prouve rien, juste que Minc affirme avec aplomb des vérités bien peu étayées en réalité. Au final un livre éclairant pour sentir que les tenants de la dérégulation, qui tiennent toujours le haut du pavé, même s’ils ont baissé d’un ton, ne comprennent pas complètement la portée de ce qu’ils font.