Les pèlerinages politiques en Algérie de responsables du Parti socialiste français, notamment de ceux qui lorgnent l’Elysée à l’échéance 2012, se font récurrents.
Après Dominique Strauss-Kahn, qui y a effectué une visite de travail en tant que directeur général du FMI, c’est au tour de Manuel Valls, député de l’Essonne et maire d’Evry, de s’y inviter.” Le Soir d’Algérie
Entretien de Manuel Valls dans El Watan
Vous présidiez une mission d’information parlementaire sur la nationalité, alors que le président Nicolas Sarkozy, lors de son discours de Grenoble, a proposé de «revoir l’automaticité de l’acquisition de la nationalité à 18 ans pour les mineurs étrangers nés en France». Y a-t-il une volonté du gouvernement de remettre en cause le droit du sol et pourquoi ?
Les craintes sont légitimes et le risque est réel. Les députés socialistes ont donc décidé d’entrer dans cette mission pour garantir la transparence de ses travaux et le caractère contradictoire de ses débats. (…) A cet égard, les premières auditions conduites par la mission ont donné des gages rassurants. Ancien député gaulliste et président du Conseil constitutionnel de 2004 à 2007, Pierre Mazeaud a ainsi rejeté toute atteinte au droit du sol. Interrogé par le rapporteur UMP sur cette opportunité, il a répondu qu’« il n’y a pas lieu de modifier» la législation régissant l’accès à la nationalité. Venue d’une figure éminente de la droite, cette parole devrait être entendue.
Toutefois, nous resterons jusqu’au bout les défenseurs vigilants de nos principes fondamentaux. Si d’aventure, les travaux de la mission s’orientaient vers une remise en cause du droit du sol ou du droit à la double nationalité, nous livrerions – moi le premier –– une opposition sans concession.
Si d’aventure, les travaux de la mission s’orientaient vers une remise en cause du droit du sol ou du droit à la double nationalité, nous livrerions – moi le premier –– une opposition sans concession.
– La question de l’immigration se trouve, depuis quelques années, au centre du débat politique français. La droite la «stigmatise», la gauche la considère comme «une chance» pour la France. Quelle est votre appréciation, vous qui êtes maire d’Evry, une commune où vit une forte communauté issue de l’immigration ?
Je pense qu’il faut sortir des postures simplistes et des approches binaires. Depuis des années, j’appelle de mes vœux l’émergence d’un consensus républicain sur ce sujet. Force est pourtant de reconnaître que ce consensus peine à naître ! Les positions prises au plan national sont trop souvent l’expression d’un simple souci d’affichage. Il est grand temps d’aborder la question de l’immigration sans se laisser déborder par les passions et les provocations de tout bord. A cet égard, la récente disparition du ministère liant les questions de l’identité nationale et de l’immigration est un signe encourageant. Oui, je suis convaincu que l’immigration peut être une chance pour la France. Située au carrefour de la Méditerranée et de l’Europe septentrionale, elle a toujours été une zone de mélange des populations. Personne d’ailleurs ne le conteste.
Située au carrefour de la Méditerranée et de l’Europe septentrionale, elle a toujours été une zone de mélange des populations. Personne d’ailleurs ne le conteste.
Intellectuel monarchiste, Jacques Bainville écrivait lui-même en 1924 : «Le peuple français est un composé. C’est mieux qu’une race. C’est une nation.» Au cours des siècles, la France a profité de multiples apports étrangers. Les immigrés sont toujours conduits par la volonté et l’énergie de construire une vie meilleure. L’espoir qui les anime peut donc contribuer à la prospérité de ceux qui les accueillent. Mais je suis également persuadé que l’immigration doit être encadrée et accompagnée pour produire ses meilleurs effets. A défaut, les difficultés actuelles de notre modèle d’intégration deviendront insurmontables. Disons le clairement : trop d’immigrés sont aujourd’hui tenus en marge de la société française. Relégués dans des quartiers ghettos, ils sont confrontés à l’exclusion économique et sociale et sont soumis aux tentations du repli communautaire. Nous devons donc à la fois réguler les flux migratoires et multiplier les efforts en faveur de l’intégration.
(Merci à Jazzman, létonné, Sol Invictus)