Quelles sont les banques potentiellement les plus affectées par la crise de la dette européenne ? C’est la question à laquelle permet de répondre en partie un document de la banque américaine Morgan Stanley, révélé par FT Alphaville, un blog du Financial Times : il chiffre l’exposition (les sommes engagées sous forme de prêts, soit aux États – les dettes souveraines -, soit à l’économie en général) des principales banques de l’Union en Irlande, au Portugal et en Grèce.
Et à ce petit jeu, les banques françaises sont placées très haut. L’exposition totale du Crédit Agricole, qui est notamment très actif en Grèce depuis le rachat en 2006 de la banque Emporiki, est en effet évaluée à 35 milliards d’euros (dont un peu plus de 3 milliards d’euros de dette souveraine), soit 123% de sa valeur (actif net). La suit la banque franco-luxembourgeoise Dexia : sauvée de la faillite de justesse à l’automne 2008, celle-ci est exposée sur 119% de sa valeur, dont 75% de dettes souveraines (le courtier KBW, cité sur le site TradingSat, estime qu’elle est la banque française la plus exposée à l’économie portugaise). La troisième de ce «podium» est la britannique Royal Bank of Scotland, très active en Irlande.
Si l’on parle essentiellement des finances publiques irlandaises ces jours-ci, c’est la Grèce qui fait peser les plus gros risques sur les banques françaises : la Banque des règlements internationaux (BRI), citée en mai par le Journal des Finances, faisait état d’une exposition totale du secteur bancaire français à la Grèce de plus de 57 milliards d’euros.
Les autres banques françaises citées par le document, Société Générale, BNP Paribas et Natixis (filiale de banque d’investissement des Banques Populaires et des Caisses d’Epargne), affichent des taux d’exposition de respectivement 29%, 19% et 10%. Récemment sacrée première banque mondiale en termes d’actifs par l’agence Bloomberg (dont les calculs sont contestés), BNP Paribas est la banque la plus exposée du classement aux dettes souveraines de l’Irlande, du Portugal et de la Grèce, avec un total de 8 milliards d’euros.
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Autre article lié :
Les circuits de la dette européenne
Les marchés européens ont les yeux rivés sur les quelques pays dont la dette et la capacité à rembourser inquiètent de plus en plus : la Grèce, le Portugal, l’Espagne, l’Irlande et dans une moindre mesure l’Italie. L’Irlande refuse toujours de se faire aider par l’Union européenne tandis que certains craignent la contagion de la crise irlandaise à l’Espagne et au Portugal.
Le New York Times propose une infographie claire et instructive sur les dettes de ces cinq pays envers leurs voisins européens. Le quotidien explique : «Au cours de la décennie qui a suivi l’introduction de l’euro, les économies du continent sont devenues de plus en plus interdépendantes. Avec les emprunts et les opérations bancaires transfrontalières, de nombreux pays à la périphérie de l’Europe se doivent de grandes sommes entre eux, mais aussi à leurs voisins plus riches comme l’Allemagne et la France».
On comprend mieux pourquoi la faillite d’un pays inquiète toute l’Europe : la Grèce par exemple doit 10 milliards aux banques portugaises. Sa faillite serait un coup terrible pour le Portugal, qui a vu sa notation baisser, emprunte à des taux déjà élevés et doit lui-même 86 milliards aux banques espagnoles…
La France est le plus gros créditeur de ces cinq pays en difficultés avec un total de 674 milliards d’euros prêtés par les banques françaises (l’Allemagne leur prête 521 milliards et la Grande-Bretagne 309 milliards), dont 379 milliards à la seule Italie (20% du PIB français).
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Autre article lié (du 29 avril 2010) :
Les banques US exposées à hauteur de 236,8 milliards de dollars
JPMorgan Chase & Co., la deuxième plus grande banque des États-Unis par les actifs, est plus exposée qu’aucune de ses consoeurs aux dettes du Portugal, de l’Italie, de l’Irlande, de la Grèce et de l’Espagne, selon Wells Fargo & Co.
L’exposition de JPMorgan aux cinq pays dits PIIGS est de 36,3 milliards de dollars, ce qui équivaut à 28 % de ses fonds propres de première catégorie Tier 1, une mesure de la solidité financière, écrivent les analystes de la Wells Fargo, dont Matthew Burnell. Morgan Stanley détient 32,4 milliards de dollars de dettes dans la région, ce qui équivaut à 69 % de ses fonds propres Tier 1, écrit Burnell.
«Les données réglementaires suggèrent que l’exposition de JPMorgan est la plus forte dans l’ensemble, mais Morgan Stanley détient la plus grande exposition globale aux PIIGS par rapport au capital de catégorie 1», écrivent les analystes. Dans l’ensemble, «l’exposition» des banques américaines «à la Grèce est inférieure à l’exposition à l’Irlande, à l’Italie et à l’Espagne».
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Les banques des États-Unis détiennent un total de 236,8 milliards de dollars d’exposition aux cinq nations, dont 18,1 milliards de dollars pour la Grèce, d’après Wells Fargo.
Selon la Banque des règlements internationaux, les banques européennes détiennent des créances totalisant 193,1 milliards de dollars sur la Grèce, ainsi que 832,2 milliards de dollars de créances sur l’Espagne.
(Traduction partielle par fortune.fdesouche.com)