Les deux principaux syndicats du Portugal organisent mercredi 24 novembre une grève générale pour protester contre les mesures d’austérité censées réduire la dette et le déficit du pays. Massivement suivie, la grève entraîne déjà une paralysie des aéroports, des ports et des transports en commun. De nombreuses écoles sont fermées et la plupart des hôpitaux assurent seulement un service minimum d’urgence. Il s’agit du premier mouvement de cette ampleur depuis 1988, mais il risque de se heurter à la détermination du gouvernement minoritaire dirigé par le socialiste José Socrates.
Le premier ministre compte d’autant plus garder le cap que, après l’aide réclamée par l’Irlande à l’Union européenne et au Fonds monétaire international, les investisseurs désignent le Portugal comme le prochain pays de la zone euro qui sera contraint de solliciter un soutien extérieur pour rétablir ses comptes.
José Socrates a d’ores et déjà prévenu qu’il maintiendrait ses projets de baisse des salaires et de hausse de la fiscalité pour ne pas faire subir au Portugal le même sort que ceux de l’Irlande et de la Grèce. “La grève ne provoquera peut-être pas de modification radicale dans la politique d’austérité du gouvernement, mais elle constitue un élément supplémentaire d’incertitude dans la situation déjà instable du pays », reconnaît Elisio Estanque, sociologue à l’université de Coimbra.
Depuis des semaines, des banderoles ont été déployées à Lisbonne pour inviter les salariés du privé à se joindre au mouvement. Aucune grande manifestation n’est prévue mais les syndicats organisent des piquets de grève dans de nombreux secteurs. Ils espèrent une forte mobilisation en raison du mécontentement croissant à l’égard du gouvernement, qui prévoit également de nombreuses coupes dans les dépenses publiques.
“Ce sont les travailleurs qui paient pour la crise, pas les banquiers ni les actionnaires des grandes sociétés », s’emporte Leandro Martins, retraité de 65 ans. “C’est une grève contre les politiques de droite, pour réclamer une nouvelle politique au service du peuple portugais », ajoute-t-il.
Contrairement à l’Irlande, qui est brusquement passée d’une forte croissance à une profonde récession après l’éclatement de sa bulle immobilière, le Portugal est confronté depuis des années à une croissance faible et à un déclin de sa compétitivité. Pour certains économistes, ces deux facteurs pèsent sur sa capacité à surmonter la crise de la dette.
Même si son économie croît cette année, des économistes craignent qu’elle bascule de nouveau dans la récession l’an prochain du fait des mesures d’austérité. La hausse des impôts et la baisse des salaires des fonctionnaires devraient ainsi limiter la consommation. Le taux de chômage, qui atteint déjà son plus haut niveau depuis les années 1980 à 10,9 %, devrait continuer à augmenter.
(Merci à SPOILER)