Bertrand Le Gendre, éditorialiste au Monde, fustige les Français inquiets face à la mondialisation et à la «désoccidentalisation» du monde. Méfiance envers les immigrés ou les Roms, loi sur le voile intégral, interrogations sur l’identité nationale, exaspération face à la délinquance seraient les symptômes de la frilosité des Français dont «l’orgueil gaulois est blessé».
“Les Français sont devenus pusillanimes. Ils se méfient de ceux qui, immigrés ou Roms, menacent leur entre-soi.”
Identité nationale, insécurité, retraites… Autant d’indices du mal qui ronge la société française : la crainte de l’autre, l’aspiration à une vie douillette et le repli sur soi. Comment, après avoir si souvent entendu le mot «retraite» cet automne, ne pas percevoir son sens premier ? «Retraite : abandon délibéré et méthodique du champ de bataille par une armée qui ne peut s’y maintenir.» Tout le contraire de l’esprit conquérant et de l’élan vital qui permettent les grands desseins collectifs. (…)
La France frileuse, tournée vers elle-même, que dépeint ce tableau, tranche avec l’euphorie des «trente glorieuses», trente années de croissance continue qui vont de la Libération au premier choc pétrolier. Trente années piteuses ont suivi. Piteuses non dans l’absolu, mais par contraste avec les précédentes.