Aux routes qui rejoignent l’Espagne ou l’Italie, les passeurs préfèrent celle menant d’Istanbul à la frontière turco-grecque. 90% des immigrés arrivant en Europe aujourd’hui passent par la Grèce et, pour quasiment la moitié d’entre eux – environ 39.000 depuis le début de l’année -, par cette frontière terrestre gréco-turque de Thrace.
La police turque ne fait pas son travail, elle laisse tout le monde passer et, en contradiction avec l’accord signé avec la Grèce en 2002, refuse de reprendre les immigrés qu’on arrête», selon le responsable de la police d’Orestiada.
La scène se répète quotidiennement à Filakio. Après avoir payé 600, 1500 ou 3000 euros leur transit clandestin jusqu’à la Grèce via Istanbul, la plaque tournante de ce trafic, certains ont encore assez d’argent pour prendre le bus jusqu’à Athènes.
Telle Shamaz, une jeune Afghane de 23 ans, enceinte, qui rêve, avec Kokal, son mari à ses côtés, de fonder une famille en Europe. Telle la Congolaise Karine, qui dit fuir la misère. Elle ne sait pas vraiment ce qu’elle fera à Athènes où, assure-t-elle, «personne ne (l)’attend». Mais dans son esprit, la capitale grecque ne sera qu’une étape vers la France, l’Allemagne ou l’Angleterre.
Les policiers qui gardent le centre de Filakio haussent les épaules, dépassés. Le petit bâtiment a été construit, il y a douze ans, pour accueillir 372 personnes. Ils sont plusieurs centaines supplémentaires. Ce qui contraint les autorités grecques à vider quotidiennement les lieux pour faire de la place aux nouveaux arrivants. Deux ou trois jours après avoir été arrêté, l’immigrant part avec un papier le sommant de quitter la Grèce et l’espace européen Schengen dans les trente jours. Et le voyage continue.
Le pire pour Athènes est qu’elle est liée par la procédure de Dublin, qui permet à tous les États européens de lui renvoyer les clandestins rentrés dans l’Union par la Grèce…
(Merci à Savoyard74)