Face à l’obstination – dirons-nous poliment – de Laurent Gbagbo, la Banque mondiale a décidé de frapper là où cela pourrait faire mal. Mercredi, à l’issue d’un entretien avec Nicolas Sarkozy à l’Élysée, le président de la Banque, Robert Zoellick a déclaré que les financements de la Côte d’Ivoire par l’établissement financier avaient été gelés.
Robert Zoellick a par ailleurs ajouté qu’après discussion avec le président malien, Amadou Toumani Touré de la nécessité pour les banques centrales de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) de geler aussi leurs prêts, des décisions ont été prises dans ce sens. La convocation d’une réunion de ministres devrait avoir lieur cette semaine “pour confirmer et renforcer cette approche“, a-t-il par ailleurs ajouté.
Robert Zoellick a par ailleurs déclaré que la Banque mondiale suivrait les initiatives des pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), estimant que ces derniers avaient dans cette affaire d'”énormes enjeux économiques aussi bien que démocratiques”.
Précisons que la “stratégie de partenariat pays” de la Banque mondiale pour la Côte d’Ivoire prévoit de l’ordre de 575 millions de dollars de financement pour la période 2009-2013, selon le site internet de l’établissement financier.
Dimanche soir à Bamako, le dirigeant de la Banque mondiale avait lancé un appel à Laurent Gbagbo, pour qu’il accepte les résultats de l’élection présidentielle ivoirienne et qu’il remette “le pouvoir au gagnant“.
M.Zoellick, qui tenait alors une conférence de presse à l’issue d’une visite de deux jours au Mali, avait par ailleurs ajouté que la Banque mondiale soutenait la position de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), de l’Union africaine et de l’Union économique monétaire ouest-africaine, concernant le résultat du scrutin présidentiel en Côte d’Ivoire.
Il y a quelques jours déjà, la Banque Mondiale et la Banque africaine de développement (Bad) avaient annoncé conjointement dans un communiqué qu’elles s’interrogeaient sur l’opportunité de continuer à aider la Côte d’Ivoire en raison de la rechute de la situation socio-politique. «Nous souhaitons poursuivre le travail avec les Ivoiriens en matière de lutte contre la pauvreté, mais il est difficile de le faire avec efficacité dans un contexte d’incertitude et de tension prolongées», avaient-elles déclaré.
Mercredi, le gouvernement français a demandé à tous les Français qui le peuvent de quitter provisoirement la Côte d’Ivoire. L’Allemagne en a fait de même pour ses ressortissants ainsi que le Portugal.