François Durpaire, historien des identités à Paris I, membre du Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage juge que la gauche française a tort de se couper des «minorités visibles». Il affirme que la gauche échouera en 2012 si elle n’assume pas le thème de la «pluralité identitaire».
“La gauche doit offrir un contenu politique renouvelé : une laïcité ouverte qui n’apparaisse plus comme hostile à l’identité musulmane (…)”
En deux siècles, notre pays a connu trois révolutions : après la révolution politique, née de 1789, puis la révolution sociale, née des luttes ouvrières du XIXe siècle, nous assistons, depuis trente ans, à une révolution multiculturelle qui fait suite au brassage de populations lié aux migrations postcoloniales. La gauche a non seulement accompagné mais porté les deux premières révolutions. Elle se montre en revanche impuissante à penser ce qu’il est courant de désigner sous le terme de “diversité”. (…)
Aujourd’hui, la déconnexion est patente entre la gauche et les enfants de l’immigration postcoloniale, longtemps considérés comme un électorat naturel, parce qu’étant fils d’ouvriers ou de petits fonctionnaires. En occultant l’autre partie de leur identité, qu’ils sont fils d’ouvriers mais algériens musulmans, filles de petits fonctionnaires mais martiniquaises, la gauche a omis de leur parler d’une partie de leurs préoccupations et de leurs attentes. (…)
Si la gauche ne fait pas le plein des voix chez les moins de 30 ans – en assumant le thème de la pluralité identitaire -, elle échouera face à la réalité démographique. Quel que soit son candidat, elle ne pourra pas l’emporter en 2012 en recueillant 80 % des voix chez les moins de 30 ans, mais avec une part minime du corps électoral. (…)