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Pierre Jourde enseigne la littérature à Valence (Université de Grenoble III). Il est également écrivain et critique littéraire. Par ses écrits à contre-courant, il est souvent considéré comme «réactionnaire». Il analyse la «démocratisation» de l’enseignement et les conséquences qui en ont résulté.

” Dans le pire des cas, le prof est l’ennemi. Simplement parce qu’il impose des contraintes. L’idée même de contrainte et d’effort est devenue insupportable, quasiment fasciste.”

Chaque fois qu’on a admis qu’il y avait un problème dans l’enseignement en France, et osé constater que seuls les enfants de la bourgeoisie parvenaient à s’en sortir, on a immanquablement donné les mêmes solutions, répété le mantra: démocratiser, démocratiser, démocratiser. Démocratiser, oui, mais qu’est-ce que ça signifie concrètement?

En France, la démocratisation est une opération très simple: elle consiste à augmenter la quantité de diplômes. L’échec scolaire n’est pas un vrai problème, il suffit de le supprimer par non-redoublement et délivrance du bac à 75% des non-redoublés. Comme ça, on aura l’air démocratique. Tout le monde il réussit, tout le monde il est égal. Que ces diplômes ne recouvrent aucune compétence, c’est accessoire. Qui casse le thermomètre ne voit plus qu’il a la fièvre.

Sauf que les bourgeois, comme moi, savent ce que cela vaut. Et ils placent leurs enfants dans l’enseignement privé pour éviter le désastre du public. Enfants qu’on retrouvera dans les grandes écoles, ce qui leur épargnera le naufrage de l’université. Entre mes principes et l’avenir de mes enfants, le choix est vite fait. Je ne vois pas pourquoi ils paieraient toute leur vie pour les errements démagogiques de quelques théoriciens pédagogistes qui ont réussi à ruiner un système qui fonctionnait bien. Je ne vois pas pourquoi je devrais leur faire subir les classes en état d’agitation permanente, l’impossibilité de faire cours, le langage zyva considéré comme norme linguistique, le sympathique débat à la place de l’apprentissage des fondamentaux, le livre jeunesse traduit de l’anglais à la place de Molière et Maupassant. (…)

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