Robert Zaretsky, Professeur d’histoire à l’université de Houston (Texas), tire à boulets rouges sur l’ouvrage de Régis Debray, «Eloge des frontières», qu’il qualifie de «travail superficiel». Il lui reproche d’être dans la lignée de Maurice Barrès, écrivain et homme politique nationaliste (1862-1923), et de Marine Le Pen. Extraits.
C’est le passé, explique Régis Debray, qui nous rappelle que les frontières garantissent le sens du sacré ; ces frontières protègent à elles seules le caractère singulier d’un peuple.
Ainsi, pour lui, l’identité française est le résultat d’une «sédimentation de dix-sept siècles». C’est l’aménagement d’un territoire et les arts de la table ; ce qui ne ment jamais, ce sont la terre et les mœurs cultivées par un peuple. Mais les métaphores sont complexes. Que faire de ces «éléments», par exemple, récemment introduits dans le processus de «sédimentation nationale» ? Sont-ils moins français, en particulier s’ils ne se reconnaissent pas dans les mêmes paysages et les mêmes manières de table célébrés par Debray ? (…)
Si la terre et les morts, comme le déclarait Barrès (et comme Debray le pense sans équivoque) est le fondement de la nation française, que se passe-t-il quand les centres commerciaux, les MacDonald -ou encore, disons-le, les musulmans- les envahissent ?
C’est là le hic : pour l’extrême droite française, l’ennemi n’est pas seulement la mondialisation, mais aussi l’«islamisation». Marine Le Pen qui va sans doute bientôt hériter du Front national, s’acharne sur ces deux thèmes à chacune de ses apparitions publiques. Comme Debray et Barrès, la fille de Jean-Marie Le Pen dénonce l’effet nivellateur des forces de l’économie et de la culture mondiales. (…)