Les publications traitant du Talmud comme outil de réussite financière se vendent très bien en Chine. Une tendance assez particulière en rapport avec les stéréotypes sur la religion juive et le business que révèle Newsweek. De nombreux Chinois partageraient apparemment l’idée selon laquelle les attributs du judaïsme joueraient un rôle fondamental dans la maîtrise et le succès des techniques financières, et comme quoi le Talmud, un des textes fondamentaux du judaïsme, regorgerait d’indices sur la finance.
Des titres comme Le Talmud décodé: 101 règles juives du business, Le Petit Illustré de sagesse juive ou Toutes les histoires de gains monétaires dans le Talmud partagent la même étagère que les biographies de Warren Buffett et de Bill Gates.
Le magazine note que de Pékin à Shanghai, des remarques comme «Très intelligent» et «Très bon en affaires» peuvent accompagner l’évocation de la confession juive de son interlocuteur. Sur Google Zeitgeist China, qui classe les préoccupations des Chinois en fonction des demandes effectuées sur le moteur de recherche américain, on voit que la question «Pourquoi les juifs sont-ils excellents ?» arriverait derrière les interrogations «Pourquoi devrais-je m’inscrire au Parti?» ou «Pourquoi devrais-je me marier?». Une tendance à atténuer néanmoins, sachant que les internautes chinois sont plus enclin à utiliser Baidu pour leurs recherches.
Ces manuels sur le Talmud pourraient avoir un succès équivalent au Sun Tzu and the Art of Business. Un livre inspiré de Sun Tzu et l’art de la guerre, ouvrage chinois repris dans de nombreux autres domaines que militaires.
Interrogé par Newsweek pour savoir d’où viendrait cette admiration pour le judaïsme et expliquer ce phénomène, Wang Jian, doyen adjoint du centre des Études Juives à Shanghai, explique: «Le Talmud est devenu un guide pratique pour faire du business et faire fortune»
Dans l’histoire de la République populaire, Xu Xin, professeur d’études juives à l’Université de Nankin, rappelle que la presse chinoise a longtemps relayé les aventures de ressortissants étrangers juifs devenus des symboles involontaires du judaïsme, comme Sydney Rittenberg, premier Américain à avoir rejoint le parti communiste chinois, ou le journaliste Israel Epstein, qui a interviewé Mao Zedong.
À Taiwan, il existe même un hôtel qui s’inspire des textes sacrés. Le Talmud Business Hotel de Taichung se décrit ainsi sur son site:
«Influencé par les théories du Talmud, l’hôtel pour businessmen a été nommé en référence au livre saint. Il contient une collection d’anciens textes de rabbins sur la loi et les traditions juives. Dans chaque chambre, vous pouvez trouver une copie du Talmud-Business Success Bible pour que chacun puisse faire l’expérience de la voie du Talmud vers le succès, ainsi qu’un accès gratuit au Wi-Fi»
Ce n’est pas la première fois qu’économie et religion font plutôt bon ménage. En décembre, la bourse de Bombay a ainsi inauguré un index Charia comprenant 50 sociétés indiennes qui respectent le code de l’Islam sur le prêt avec intérêts. Le BSE TASIS Shariah 50 respecte la loi islamique qui considère l’investissement dans des entreprises aux bénéfices issus d’intérêts comme un péché.
(Merci à Julien)